Une affaire de corruption dans l'Union européenne

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Administrator User , modifié à
Trois Italiens, dont un fonctionnaire de la Commission européenne, ont été arrêtés mercredi dans une enquête de corruption présumée de plusieurs millions d'euros. L'affaire porte sur des marchés publics pour la construction ou la location de délégations de la Commission dans les pays tiers à l'UE ou auprès d'organisations internationales et sur l'installation de systèmes de sécurité dans ces bâtiments. Sa découverte démontre l'efficacité des contrôles mis en place après les précédents scandales, qui avaient notamment entraîné la démission de l'exécutif européen en 1999.

"Cela ressemble à une très grosse affaire de corruption", a déclaré mercredi Jos Colpin, porte-parole du parquet de Bruxelles. Jos Colpin a précisé que les trois suspects avaient été placés en détention dans cette affaire qui porte sur des marchés publics pour la construction ou la location de délégations de la Commission dans les pays tiers à l'UE ou auprès d'organisations internationales et sur l'installation de systèmes de sécurité dans ces bâtiments. Outre le fonctionnaire de la Commission, un assistant d'un parlementaire européen - qui n'occupait pas ce poste à l'époque des faits selon des sources européennes - et le gérant de plusieurs entreprises sont également en garde à vue. Tous trois résident à Bruxelles mais, selon Jos Colpin, l'épicentre du scandale se trouve en Italie en raison de la nationalité des détenus et du nombre de perquisitions menées dans la Péninsule auprès d'entreprises de travaux publics. Les trois hommes, dont l'identité n'a pas été rendue publique, auraient détourné plusieurs millions d'euros depuis plus de dix ans en obtenant des pots-de-vin en échange de la surfacturation pour l'achat, la localisation et la sécurisation des immeubles de l'exécutif européen. Les polices belge, italienne, luxembourgeoise et française ont perquisitionné mardi une trentaine de bâtiments de l'Union européenne, de banques et de sièges d'entreprise. La Commission dispose de 132 délégations dans les pays tiers à l'UE et leur budget de fonctionnement s'élève à 500 millions d'euros par an, dont 56 millions pour les bâtiments - qui sont loués à 95% - et 20 millions pour la sécurité. "Nous parlons de contrats d'une valeur de plusieurs dizaines de millions d'euros, donc cela signifie des pots-de-vin de plusieurs millions d'euros", a expliqué Jos Colpin. L'enquête, qui a été ouverte en juillet 2004 par la Commission présidée par Romano Prodi, porte sur des faits présumés "de corruption de fonctionnaires européens, de constitution d'une organisation criminelle, de violation du secret professionnel, d'infraction aux lois sur les marchés publics et de faux", a précisé la justice belge. C'est l'Office de lutte anti-fraudes (Olaf) de l'UE qui, saisi de l'affaire par la direction générale des relations extérieures de la Commission, a transmis le dossier à la justice belge, l'Union ne disposant pas de pouvoirs judiciaires. Des mécanismes rigoureux ont été mis en place après la démission de la Commission à la suite d'accusations de népotisme et certains fonctionnaires européens se plaignent de leur caractère trop lourd qui les empêcherait parfois de travailler. Depuis 2003, tous les contrats de plus de 50.000 euros passés par la direction générale des relations extérieures sont auscultés par un comité spécialisé.