Un plan pour combattre la pollution du Rhône

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
La secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a proposé mercredi à Lyon plusieurs pistes de recherches et d'actions pour combattre la pollution aux polychlorobiphényles (PCB) dans le Rhône. Elle présidait le premier comité de pilotage sur cette pollution dans le fleuve.

L'Etat s'attaque à la pollution aux PCB dans le Rhône... Nathalie Kosciusko-Morizet présidait le premier comité de pilotage sur le sujet ce mercredi. Concernant les moyens de dépollution possible du fleuve, la secrétaire d'Etat à l'Ecologie a expliqué qu'on ne pouvait "pas draguer tout le Rhône". La solution idéale serait "une dépollution ciblée ou bien un traitement in situ des sédiments". Une étude a été confiée sur le sujet au pôle de compétitivité lyonnais Axelera. La consommation de poissons a été interdite jusqu'à la Méditerranée en raison de la découverte dans certains poissons de taux de PCB jusqu'à dix fois supérieurs au seuil autorisé par l'Organisation mondiale de la santé. Les "douze pêcheurs professionnels concernés" par la pollution devraient recevoir une indemnisation de leurs pertes de revenus.

Une structure similaire au niveau national devrait être mise en place "d'ici la fin de l'année". Car, la secrétaire d'Etat a dévoilé une carte des sédiments en France, qui "montre que cette pollution touche quasiment tous les grands fleuves français et même européens, qui ont eu un passé industriel entre 1930 et 1980".

Deux députés PS ont exigé la création d'une commission parlementaire sur le sujet mardi. Pour Jean-Jack Queyranne et Michel Vauzelle, il s'agit de déterminer les causes et les conséquences de la pollution aux PCB. "Nous sommes devant une catastrophe écologique, il y a urgence à agir", a estimé Jean-Jack Queyranne, qui est aussi président de la région Rhône-Alpes. Selon lui, la commission permettrait de réaliser "une cartographie précise des sites pollués le long du fleuve, qu'on fasse le point sur l'étendue de la pollution et qu'on prévoie des actions de dépollution qui permettraient de restaurer les milieux naturels".

Les polychlorobiphényles (PCB), plus connus sous le nom de pyralène, sont des dérivés chlorés utilisés pour leur pouvoir isolant, leur qualité de lubrification et leur résistance au feu. Ils étaient mis en oeuvre notamment dans les transformateurs électriques et dans les appareils hydrauliques industriels. Selon l'Agence française pour la sécurité sanitaire des aliments, les PCB peuvent ainsi entraîner des problèmes de fertilité, de croissance ou des cancers en cas d'ingestion "régulière et sur une longue période". A partir des mesures effectuées dans certains poissons, le taux de pyralène était jusqu'à dix fois supérieur au seuil mondial autorisé. La consommation de produits issus de la pêche dans le Rhône a d'ailleurs été interdite de Lyon à la Méditerranée.

Mais les organisations écologistes se montrent sceptiques sur la capacité même des institutions à dépolluer. Selon Daniel Richard, président du WWF France, il est impossible de dépolluer la terre et les sédiments contaminés dans le Rhône. Pour assainir le milieu, il faudrait donc enlever complètement cette terre, ce qui semble difficile à réaliser sur une zone aussi vaste et qui sera de toutes façons extrêmement coûteux. A titre de comparaison, une telle dépollution aux Etats-Unis sur presque 300 kilomètres aurait coûté 500 millions de dollars. "Je crains bien que le Rhône est foutu" estime Daniel Richard.