Un homme se suicide en plein tribunal à Laon

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Dans la nuit de mercredi à jeudi, la cour d'assises de l'Aisne, à Laon, venait d'annoncer un verdict de 12 ans de prison pour viols sur mineures... Le condamné, qui comparaissait libre, s'est tiré une balle en plein coeur devant les juges, les jurés et les familles. Deux enquêtes administratives ont été ordonnées.

Après l'agression d'un juge au tribunal de Metz, la justice et les mesures de sécurité dans les tribunaux sont de nouveaux montrées du doigt. Dans la nuit de mercredi à jeudi, la cour d'assises de l'Aisne à Laon venait d'annoncer un verdict de 12 ans de prison pour viols sur mineures à l'encontre d'un homme de 68 ans quand l'accusé s'est suicidé. "Au moment où j'entends le prononcé de la sanction, c'est-à-dire douze ans, je me retourne vers lui pour la commenter. Et au moment où je me retourne, j'entends ce bruit et je le vois s'effondrer", raconte son avocat, Me Gilles Laurent. Les faits, commis sur sa fille et sa nièce, remontaient aux années 80. Le condamné, un amateur d'armes de collection qui comparaissait libre, a sorti une arme de son sac et s'est tiré une balle en plein coeur devant les juges, les jurés, les avocats et les familles. La police a retrouvé dans cette sacoche un testament, ce qui laisse penser que cet ancien steward à la personnalité "perturbée" avait prémédité son geste. Une cellule psychologique a été mise en place et deux enquêtes internes ont été ordonnées. Informée dans la nuit de mercredi à jeudi de ce "très grave incident", la ministre de la Justice, Rachida Dati a demandé à l'Inspecteur général des services judiciaires de se rendre sur les lieux et Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur, a chargé pour sa part l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) de faire toute la lumière "sur les dysfonctionnements matériels ou humains ayant permis à un prévenu, qui comparaissait libre, de disposer d'une arme dans l'enceinte de la Cour d'assises de Laon". L'entrée du palais de justice de Laon est d'ordinaire surveillée par un policier mais les fouilles n'y sont pas habituelles. Jugeant qu'une "nouvelle étape a été franchie" avec ce suicide par arme à feu en pleine cour d'assises, l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) "appelle solennellement l'Etat à assurer d'urgence la sécurité des palais de justice." "Les conséquences de l'affaire de Laon auraient pu être encore plus dramatiques si la personne avait retourné son arme contre les jurés, les magistrats et greffiers et le public", souligne le syndicat. La Garde des Sceaux avait annoncé la semaine dernière un plan d'urgence pour la sécurité des tribunaux doté de 20 millions d'euros à la suite de l'agression d'un magistrat au tribunal de Metz. Vingt millions d'euros devraient être immédiatement affectés pour mettre en place des portiques de sécurité gardés par des agents dans l'ensemble des cours d'appel et des tribunaux de grande instance ainsi que dans les tribunaux d'instance nécessitant une sécurisation renforcée.