Un front anti-Hollande en Europe ?

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 Alors que Angela Merkel dément, l’opposition parle d’une "pression inédite".

Hollande est-il victime d’un boycott de certains dirigeants européens ? La question agite la classe politique depuis la publication d’un article dans le Der Spiegelsamedi. Les dirigeants allemand, espagnol, italien et britannique, tous conservateurs, se seraient entendus pour ne pas rencontrer avant la présidentielle française le candidat socialiste.

Selon le magazine allemand Der Spiegel, à paraître lundi, la chancelière Angela Merkel, le président du Conseil italien, Mario Monti, le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, ont décidé ensemble de ne pas recevoir François Hollande. En cause, l’intention du candidat socialiste de renégocier le pacte budgétaire européen s'il est élu. La chancelière allemande Angela Merkel a démenti les informations du quotidien allemand.

"Angela Merkel en fait trop !"

Quoi qu’il en soit, l’information a suscité de vives réactions auprès des partisans de François Hollande. L’intéressé lui a déclaré sur France 3 dimanche ne pas être "impressionné" par cette information.

Pierre Moscovici, directeur de campagne de François Hollande, a qualifié dimanche sur RTL cette attitude de "pression conservatrice inédite dans l'histoire de l'Europe", "tout à fait fâcheuse et préoccupante". "Et il faut se demander ce que Nicolas Sarkozy a fait pour que cette coalition se noue", a-t-il ajouté. "Il y avait des traditions, notamment entre la France et l'Allemagne, qui existaient depuis très longtemps et qui étaient que le chancelier, ou la chancelière, ou le président français quand c'était le cas inverse, recevait les principaux candidats des deux camps", a-t-il aussi déclaré.

"Angela Merkel en fait trop !", avait réagi dès samedi soir un des secrétaires nationaux du PS, Jean-Christophe Cambadélis, dans un communiqué. Relevant que "l'hostilité de la chancellerie a peu de chances de trouver un écho positif chez nos compatriotes", le responsable socialiste avait reproché à Mme Merkel de ne pas avoir "eu la même humeur pour monsieur (Viktor) Orban?", le Premier ministre hongrois critiqué par l'Union européenne pour des lois controversées.

Merkel dément mais…

Si Angela Merkel a démenti avec virulence les informations du Der Spiegel, sa préférence pour l’actuel chef de l’État fait peu de doute. Le 6 février, la chancelière avait apporté son soutien à Nicolas Sarkozy après un conseil des ministres franco-allemand à Paris. "Je soutiens Nicolas Sarkozy sur tous les plans, car nous appartenons à des partis amis", avait-elle déclaré. Il avait été également envisagé que Angela Merkel participe à un ou des meetings de Nicolas Sarkozy.

Cette dernière est en effet redevable à Nicolas Sarkozy qui lui avait prêté main forte en 2009, avant les législatives. Un soutien qui avait permis la reconduction d’Angela Merkel à la tête du gouvernement allemand.

Hollande "imagine un complot"

Mais pour les membres du gouvernement, François Hollande souffre seulement d’un manque de crédibilité face aux dirigeants européens. Nathalie Kosciusko-Morizet, a jugé dimanche "ridicule" que le candidat du PS François Hollande "essaie d'imaginer un complot" des dirigeants européens contre lui, estimant qu'il avait "tout simplement un problème de crédibilité".

De son côté, le secrétaire d'Etat à la Consommation Frédéric Lefebvre a jugé "curieux" dimanche que François Hollande s'étonne du refus qu'opposeraient quatre dirigeants européens à le rencontrer, car "il est rare quand on crache à la figure de quelqu'un de récolter des sourires".