Un agriculteur jugé pour le meurtre d'inspecteurs du travail

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Administrator User , modifié à
Le procès d'un agriculteur accusé d'avoir tué deux inspecteurs du travail venus contrôler son exploitation, en 2004 en Dordogne, s'est ouvert lundi à Périgueux dans un climat tendu entre fonctionnaires et paysans. Claude Duviau comparaît pour "homicides volontaires sur personnes chargées d'une mission de service public", un crime passible de la réclusion à perpétuité. Le procès doit durer une semaine.

C'est un procès sous haute tension qui s'est ouvert à Périgueux lundi, celui d'un agriculteur accusé d'avoir tué deux inspecteurs du travail venus contrôler son exploitation à Saussignac, près de Bergerac en septembre 2004. Les syndicats de fonctionnaires ont dépêché de nombreux représentants sur place, dont Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU : "Je suis là en solidarité et pour demander une prise de conscience du gouvernement et de la population concernant la difficulté du métier d'inspecteur du travail". Des organisations syndicales se sont constituées partie civile et certaines ont appelé à un rassemblement mardi à 14h00 devant le tribunal. 100 à 150 contrôleurs se sont réunis lundi en fin d'après-midi dans les locaux de la bourse du travail de Périgueux. Les représentants des principaux syndicats des inspecteurs du travail ont demandé aux parlementaires et au pouvoir exécutif de "soutenir publiquement et de relégitimer les agents" de contrôle. Claude Duviau, comparaît pour "homicides volontaires sur personnes chargées d'une mission de service public", un crime passible de la réclusion à perpétuité. C'est entièrement vêtu de noir et la gorge nouée que l'accusé a ouvert l'audience en déclinant son identité. Le ministre de l'Agriculture Dominique Bussereau a rappelé dans un communiqué que ses services seraient présents au tribunal pendant toute la durée des débats et que le ministère est lui-même partie civile. Il "souhaite que ce procès se déroule dans le calme et la dignité pour permettre aux familles des victimes d'obtenir des réponses aux questions qu'elles se posent depuis ce drame". Le 2 septembre 2004, Sylvie Trémouille, 40 ans, agent de l'Inspection du travail pour le milieu agricole, et Daniel Buffière, 47 ans, inspecteur de la Mutualité sociale agricole (MSA), avaient été abattus à coups de fusil par l'accusé alors qu'ils contrôlaient les saisonniers de son exploitation à Saussignac, près de Bergerac. C'est la première fois que des inspecteurs du travail étaient tués en service. Les syndicats de fonctionnaires voient ce drame comme un révélateur de la déconsidération de leur profession et la conséquence des critiques des entrepreneurs contre l'inspection du travail. Ils ont appelé à manifester mardi à Périgueux. L'avocat de l'accusé s'est élevé contre cette initiative. "J'aborde ce procès avec sérénité et j'espère qu'il ne sera pas perturbé par les manifestations qui pourraient influencer les jurés", a dit Me Eric Visseron. Certaines organisations agricoles, tout en condamnant le crime, le jugent révélateur du malaise de leur profession. La Coordination rurale (droite, minoritaire), a déclaré avant le procès "que la violence économique (attirait) la violence physique irraisonnée contre autrui aussi bien que contre soi". Au moment des faits, Claude Duviau souffrait d'une dépression en raison de graves problèmes financiers et il avait programmé son suicide, soutient sa défense. Après son crime, il avait tenté sans succès de mettre fin à ses jours en retournant l'arme contre lui. Blessé au visage, il avait été hospitalisé à Bordeaux et sauvé.