Un G8 sous haute tension

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le sommet du G8 s'ouvre ce mercredi à Heiligendamm, dans le nord de l'Allemagne. Il devrait être dominé par la tension croissante entre les Etats-Unis et la Russie notamment sur le bouclier antimissile américain en Europe de l'Est. Autre point sensible, le climat. Ce sera le premier G8 de deux dirigeants, Nicolas Sarkozy et le Premier ministre japonais. Des manifestations d'altermondialistes sont aussi attendues à Heiligendamm.

Le sommet du G8 s'ouvre ce soir à Heiligendamm, station balnéaire, près de Rostock sur les bords de la Baltique. Et il y a déjà là-bas de l'électricité dans l'air. Sur le fond, le climat devrait être assez tendu. Les relations se sont dégradées entre les Etats-Unis et la Russie à cause du bouclier antimissile que les Américains prévoient d'installer dans les pays de l'Est, notamment en Pologne. Vladimir Poutine a fortement réagi à ce projet. Le bras de fer entre George Bush et Vladimir Poutine pourrait même éclipser un autre sujet sensible et qui devait être le point principal du sommet, le climat et la réduction des émissions de CO2. Angela Merkel, qui présidera les débats du G8, souhaite la mise en place d'un accord de réduction des gaz à effet de serre après expiration du protocole de Kyoto en 2012. La chancelière veut aussi impliquer les pays émergents comme la Chine ou l'Inde. De son côté, George Bush refuse la logique de réductions chiffrées des émissions de gaz à effet de serre et veut ouvrir un nouveau cycle de négociations avec les grandes économies mondiales mais hors du cadre de l'ONU. Le président américain, que la spirale irakienne affaiblit sur la scène intérieure et sur la scène internationale, pourrait se heurter à un accueil plutôt froid de la part de ses pairs. Alain Juppé, ministre de l'Ecologie, a estimé que les pays présents au G8 sont loin d'un accord sur le réchauffement climatique. La tension est aussi visible à l'extérieur. Des manifestations et actions d'altermondialistes sont prévues à Heiligendamm. Mais le problème est aussi la présence de quelques groupes anarchistes, quelques milliers de personnes décidées à perturber la réunion des dirigeants des huit pays les plus industrialisés. Angela Merkel a publié mercredi matin dans le quotidien régional de Rostock un appel pour que les manifestations annoncées aujourd'hui restent pacifiques. Car il y a déjà eu des violences et des arrestations depuis plusieurs jours à Rostock. Par ailleurs, le G8 sera aussi marqué par des arrivées et des futurs départs. Deux dirigeants, le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre japonais Shinzo Abe, prendront la pose pour la première fois sur la photo de famille et deux autres, Tony Blair et Vladimir Poutine, tourneront une dernière fois leur regard vers l'objectif. Après dix années au pouvoir, Tony Blair quittera Downing Street dans vingt jours. Mais il n'entend pas pour autant faire de la figuration. Dans un entretien publié ce mercredi par le Guardian, il se dit même en mesure de rallier Bush à l'initiative européenne sur le climat. Vladimir Poutine est lui aussi sur le départ: son second mandat s'achève en mai 2008, la constitution l'empêche d'en briguer un troisième et il a promis de se retirer du Kremlin. Mais en haussant le ton contre le projet américain de bouclier antimissile, en menaçant de pointer de nouveau les missiles russes sur des objectifs européens, le maître du Kremlin a retrouvé des accents dignes de la Guerre froide et considérablement refroidi l'atmosphère. Pour la France, Jacques Chirac a cédé la place à Nicolas Sarkozy. Avec son départ, c'est le principal adversaire de la politique américaine en Irak et le principal allié de Poutine qui s'efface. Son successeur à l'Elysée a d'ores et déjà annoncé son souhait d'avoir un dialogue "franc" avec le président russe et pourrait aussi adopter un ton direct avec George Bush. Recevant mardi des représentants d'ONG, il a ainsi annoncé qu'il préférait "pas d'accord plutôt qu'un mauvais accord sur le climat", selon une participante. Shinzo Abe aborde Heiligendamm sur un mode différent après la fin de son état de grâce. Arrivé en septembre dernier à la tête du gouvernement avec une popularité oscillant entre 63 et 71%, il a vu sa cote plonger la semaine dernière à 30% à la suite du suicide de son ministre de l'Agriculture, pris dans un scandale de corruption.