Ukraine : bras de fer à la tête de l'Etat

  • Copié
Administrator User , modifié à
L'Ukraine est depuis plusieurs mois le théâtre d'une passe d'armes entre le chef de l'Etat, perçu comme pro-occidental, et son Premier ministre, plus proche de la Russie, dont la coalition est majoritaire au Parlement. Malgré les mises en garde du chef du gouvernement Viktor Ianoukovitch, le président Iouchtchenko a signé lundi soir un décret de dissolution du Parlement. Sa décision est définitive, a fait savoir le Président. Et le bras de fer est en train de se déplacer dans la rue.

Deux ans et demi après les grandes manifestations de la "Révolution Orange" qui avaient porté Iouchtchenko au pouvoir, le président ukrainien se lance dans un nouveau bras de fer avec son Premier ministre Viktor Ianoukovitch. L'Ukraine connaît depuis plusieurs mois une passe d'armes entre le chef de l'Etat pro-occidental et son Premier ministre pro-russe, dont la coalition est majoritaire au Parlement. Et malgré les mises en garde de Viktor Ianoukovitch, nommé en août dernier, Iouchtchenko a signé lundi soir un décret de dissolution du Parlement, qui est entré en vigueur mardi matin avec sa parution au Journal Officiel. Le Premier ministre, Viktor Ianoukovitch, conteste cette décision en justice, la qualifiant d'"erreur fatale". Iouchtchenko a affirmé devant des responsables régionaux que sa décision ne pouvait être contestée en justice. Mardi dans l'après-midi, les deux hommes se sont rencontrés et le chef de l'Etat a exhorté son Premier ministre à se soumettre au décret. Celui-ci fixe au 27 mai les élections, mais même si toutes le formations acceptent d'y participer, elles risquent de déboucher sur une impasse semblable à celle qui a suivi les législatives de l'an dernier. Au Parlement, où Ianoukovitch est soutenu par une coalition de trois partis, 53 représentants ont demandé à la Cour constitutionnelle d'invalider le texte. Le Parti des Régions de Ianoukovitch a demandé à la Cour de travailler nuit et jour pour rendre son arrêt au plus tôt. En direct à la télévision, Iouchtchenko a expliqué lundi soir qu'il était de son devoir de dissoudre l'assemblée. Il a accusé la coalition majoritaire au Parlement d'agir de manière anticonstitutionnelle en persuadant des élus de l'opposition de rejoindre ses rangs. Dans l'immédiat, Ianoukovitch pourrait ne pas accepter la dissolution, ce qui expose ce pays de 47 millions d'habitants à une crise constitutionnelle et à de possibles affrontements dans les rues entre partisans des deux camps. Dans un parc de Kiev, quelque 2.000 partisans de Ianoukovitch se sont réunis dans un camp de tentes s'inspirant, à une échelle plus modeste, des grands rassemblements qui avaient porté Iouchtchenko au pouvoir. Nombre de ces manifestants sont venus de l'est de l'Ukraine, fief du chef de gouvernement. Premier ministre de Leonid Koutchma entre 2002 et 2004, Ianoukovitch avait été déclaré vainqueur de la présidentielle de l'automne 2004. Mais les manifestations de rue avaient obtenu l'invalidation des résultats du scrutin et un troisième tour avait donné la victoire à Iouchtchenko. A Moscou, le ministère des Affaires étrangères a exhorté la classe politique ukrainienne à faire preuve de retenue et l'Allemagne, présidente en exercice de l'UE, a adressé à Kiev un message similaire. A Bruxelles, une porte-parole de la Commission européenne a invité toutes les forces politiques concernées à rechercher une solution pacifique. Etienne Guffroy (avec Reuters)