Turquie : victoire sans appel de l'AKP d'Erdogan

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
La victoire, largement annoncée, est écrasante. Après dépouillement la quasi-totalité des suffrages, des résultats non officiels attribuent 47% à l'AKP, le parti du Premier ministre Tayyip Erdogan, soit 13 points de plus qu'en 2002. Deux autres formations franchissent la barre des 10% permettant d'entrer au parlement, le CHP de centre gauche et le MHP ultranationaliste. Tayyip Erdogan a promis qu'il persévérerait sur la voie des réformes pour faire de son pays, laïc et musulman, une démocratie moderne comparable à ses voisins européens.

C'est une victoire personnelle pour Tayyip Erdogan, personnage controversé mais aussi extrêmement populaire, et un plébiscite pour son parti l'AKP (Parti de la justice et du développement). Le Premier ministre avait choisi l'option des élections anticipées après que les élites laïques, dont des généraux, eurent refusé le candidat, issu de l'islamisme comme lui, qu'il avait proposé pour la présidence. Les résultats de dimanche lui ont donné raison. Malgré la féroce campagne de l'opposition, qui a dépeint cette formation issue de l'islamisme comme un agent de l'instauration, en Turquie, d'une théocratie à l'iranienne, l'AKP a vu son score progresser lors des élections législatives. Après dépouillement la quasi-totalité des suffrages, des résultats non officiels attribuent 47% à l'AKP, soit 13 points de plus qu'en 2002. Il obtiendrait cependant moins de sièges en raison de l'unité de l'opposition. L'AKP décrocherait ainsi 339 sièges sur les 550 que compte le parlement. "C'est la première fois en 52 ans qu'un parti au pouvoir accroît ses suffrages pour remporter un second mandat", a déclaré Tayyip Erdogan à des milliers de partisans en liesse devant le nouveau QG de son parti, à Ankara, où des feux d'artifice ont illuminé le ciel. "Nous continuerons à travailler avec détermination pour atteindre notre objectif auprès de l'Union européenne", a-t-il ajouté. "Nous allons poursuivre les réformes démocratiques, le développement économique va continuer." Deux autres formations, le CHP de centre gauche et le MHP ultranationaliste, entrent au parlement avec, respectivement, 111 et 73 sièges environ. Outre les trois poids lourds de la vie politique turque, une vingtaine de députés indépendants, pour la plupart des militants pro-kurdes, devraient accéder à l'assemblée (550 sièges), situation inédite en Turquie depuis le début des années 1990. Les Turcs avaient le choix entre l'AKP, qui tablait sur ses bons résultats économiques, et ses rivaux nationalistes déterminés à maintenir l'islam dans la sphère privée. Les opposants de Tayyip Erdogan lui reprochaient notamment d'avoir voulu placer à la présidence du pays l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Gül, islamiste comme lui. Les laïcs accusent l'AKP de vouloir supprimer la stricte séparation entre la religion et l'Etat héritée de la tradition kémaliste, mais cet argument ne semble pas avoir été entendu par les électeurs turcs, optant pour la stabilité et l'économie. Tayyip Erdogan, qui se défend de tout programme islamiste, recueille en effet les dividendes d'une forte croissance économique, de l'amélioration du niveau de vie et d'une baisse de l'inflation durant son premier mandat. Il a promis davantage de réformes économiques, sociales et politiques pour faciliter l'adhésion à l'Union européenne, en dépit de l'incertitude sur l'issue des négociations.