Tribune de Sarkozy : "grave faute morale" pour Ayrault

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Fabienne Cosnay , modifié à
RÉACTIONS - Le gouvernement monte au créneau pour répondre à la tribune violente de l'ancien chef de l'Etat.

La charge de Sarkozy. Dans sa lettre aux Français, Nicolas Sarkozy, soupçonné de trafic d'influence, met violemment en cause le pouvoir actuel, notamment Manuel Valls et Christiane Taubira, usant d'un ton ironique et cinglant. Dénonçant "des principes de la République foulés aux pieds et faisant allusion à des méthodes de la Stasi, Nicolas Sarkozy a provoqué des réactions vives au sein de l'exécutif.

"Comparaison insupportable". Premier à monter au front : Jean-Marc Ayrault. Le Premier ministre a qualifié de "grave faute morale" le fait pour Nicolas Sarkozy de "mettre en cause l'honneur de la justice et de la police". Le Premier ministre a en outre jugé que "la comparaison entre la République française et l'Allemagne de l'Est est insupportable". L'ex-chef de l'Etat évoque la Stasi (police politique de la RDA : ndlr) à propos des écoutes judiciaires qui le visent. "Le respect des institutions de la République s'impose à tous, et particulièrement à ceux qui exercent ou ont exercé les plus hautes responsabilités", conclut Jean-Marc Ayrault.

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"Une injure", dit Taubira. "Je sais, la ministre de la Justice n'était pas au courant, malgré tous les rapports qu'elle a demandés et reçus. Le ministre de l'Intérieur n'était pas au courant, malgré les dizaines de policiers affectés à ma seule situation. De qui se moque-t-on ?", écrit l'ancien chef de l'Etat dans sa tribune. Avant d'asséner : "On pourrait en rire s'il ne s'agissait de principes républicains si fondamentaux. Décidément, la France des droits de l'homme a bien changé".

La garde des Sceaux, directement mise en cause avec son collègue de l'Intérieur par Nicolas Sarkozy a répondu sèchement aux attaques de l'ancien président. "Dans un Etat de droit, la mise en oeuvre de la loi prévoyant les interceptions judiciaires par des juges indépendants ne peut pas être comparée aux pratiques à l'oeuvre dans des régimes autoritaires ou totalitaires", tance Christiane Taubira, qui n'entend pas accepter cette injure à l'égard des citoyens français et des juges ainsi que cette attaque envers les institutions de la République".

"Infamant, pour Valls. "Assimiler la République française à la dictature de l'ex Allemagne de l'Est, assimiler la justice et la police à la Stasi, l'ex police secrète, cela disqualifie les critiques de Nicolas Sarkozy", a renchéri Manuel Valls, interrogé par Le Parisien. "C'est aussi infamant pour les magistrats et les policiers de notre pays", a-t-il estimé. "Aujourd'hui, il y a un ancien président de la République acculé par les problèmes qui s'en prend (...)au fondement même de l'Etat de droit", a encore fustigé le locataire de la place Beauvau, au cours d'une réunion publique à Grenoble.

Michel Sapin, député PS.

"La violence sous la plume", note Sapin. "J'ai vu la violence sous sa plume. J'ai vu l'extrême gravité de ses accusations qui mettent en cause les fondements même des institutions judiciaires françaises. J'ai vu tout cela", a déclaré le ministre du Travail Michel Sapin, interrogé en marge d'un meeting électoral. "Comme à son habitude, il veut faire croire qu'il est une victime alors qu'il est aujourd'hui soupçonné d'être un coupable", a ajouté le ministre.

> Plus tôt dans la soirée, le porte-parole des députés PS avait vu dans cette tribune "un avis de panique" :

EXTRAIT – Thierry Mandon : cette tribune "est...par Europe1fr
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