Stéphane Dudoignon a refoulé le sol français hier, pour la première fois depuis plus de deux mois. Ce chercheur du CNRS était assigné à résidence depuis le 30 janvier en Iran. Chargé de recherches en sociologie des religions, il avait été interpellé par des policiers iraniens lors d'un voyage d'études près de Chah Bahar, dans la province du Baloutchistan, proche du Pakistan et de l'Afghanistan. Il était en train de photographier une procession religieuse sur la voie publique. Dès lors, les autorités irannienne lui avaient confisqué son passeport.Stéphane Dudoignon étudie les communautés sunnites à l'époque moderne et contemporaine en Iran, pays essentiellement chiite. Hier, il a déclaré que les autorités iraniennes lui avaient surtout reproché de se pencher sur les conflits intercommunautaires. "Le reproche qui d'une manière générale nous est fait, c'est de nous intéresser de trop près aux conflits intercommunautaires qui peuvent être apparus en Iran ces dernières années ou s'être envenimés à la suite de la dégradation de la situation dans un certain nombre de pays environnants" comme l'Irak, l'Afghanistan ou le Pakistan, a déclaré le chercheur. "Les renouveaux sunnites en Iran au cours du 20e siècle, c'est depuis l'intervention américaine en Irak un sujet en Iran extrêmement brûlant qui a très très vite émergé dans les reproches qui m'étaient faits par les autorités iraniennes", a-t-il dit. Il a souligné qu'il se rendait depuis trois ans en Iran "sur cette thématique-là" sans problème, mais que la situation avait changé. "L'année dernière, j'avais fait des interviews de mollahs sunnites dans le bureau même de gouverneurs de district", a t-il expliqué. "Manifestement, un certain nombre de choses ont changé depuis l'année dernière." Jeudi, il a récupéré ses papiers et dès le lendemain, il s'est envolé pour la France. Pour autant, Stéphane Dudoignon souhaite retourner rapidement en Iran, comme il l'a expliqué à son arrivée à l'aéroport d'Orly : "la bonne nouvelle, c'est que je repars en Iran, inch Allah, probablement bientôt puisque, d'après ce que nous suggère le ministère iranien des Affaires étrangères, il ne devrait pas y avoir a priori d'obstacle à ce que je puisse réobtenir un visa pour l'Iran".