Sénat : ce documentaire qui agace Gérard Larcher

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VU A LA TÉLÉ - France 3 se penche mercredi soir sur le confortable train de vie des sénateurs. Le président de l'institution met en garde contre "un anti-parlementarisme".

Quiconque a déjà mis les pieds au Palais du Luxembourg doit bien le reconnaître : les sénateurs français sont plutôt bien traités. Le magazine Pièces à conviction s'est penché sur le train de vie de la haute assemblée. Cette enquête diffusée mercredi à 23h15 sur France 3, et qu'Europe 1 a visionnée en avant-première, aligne les gros chiffres. Entre ses indemnités, ses frais de mandat et la rémunération de ses collaborateurs, un sénateur coûte en moyenne 23.500 euros par mois au contribuable. Sans compter les nombreux avantages dont bénéficient ces 348 élus, comme la gratuité des transports ou un restaurant offrant "le meilleur rapport qualité-prix d'Ile-de-France", comme le vante l'un des serveurs interrogés.

Des salaires confortables. Les sénateurs ne sont pas les seuls à être choyés par la République : le personnel de l'institution n'est lui non plus pas à plaindre. En moyenne, un fonctionnaire du Sénat coûte 7.300 euros mensuels. Les huissiers et administrateurs débutent à 5.000 euros par mois. Le secrétaire général de la chambre haute, poste le mieux rémunéré de l'institution, émarge à 20.000 euros. Les jardiniers aussi sont très bien traités. "On n'est pas malheureux", plaisante l'un d'eux, filmé en caméra cachée.

Des soupçons de détournement de fonds. Le reportage s'intéresse aussi à une affaire de détournement de fonds publics présumé, sur laquelle la justice enquête depuis mai 2014. Une partie de la dotation publique au groupe UMP du Sénat aurait alimenté les comptes personnels de plusieurs sénateurs, par le biais d'une obscure association loi 1901, l'Union républicaine du Sénat (URS). L'ancien secrétaire général de cette association, François Thual, témoigne de son rôle dans les retraits d'argent. "C'est moi qui allais chercher le liquide, parce qu'ils avaient peur", raconte-t-il.

La mise en garde de Larcher. Le président du Sénat, Gérard Larcher, n'a pas répondu à la demande d'interview du magazine. Invité mercredi de l'Association des journalistes parlementaires, il a indiqué ne pas avoir vu le documentaire, mais n'a pas caché son agacement. "Je sais qu'il ne faut pas nourrir un anti-parlementarisme qui est au fond de notre société française", a-t-il déclaré.

Gérard Larcher a aussi épinglé les méthodes utilisées par l'émission. "Il me semble qu'un certain nombre de ceux qui se présentent comme vos confrères ne peuvent utiliser des techniques de caméras cachées ou autres", a-t-il taclé. "Il y a des méthodes sur lesquelles il faut faire attention, parce qu'un beau matin on se réveillera avec un désir général de pas de Parlement du tout, 'on serait tellement tranquille de ne pas avoir de Parlement, ça irait tellement plus vite', mais ça, ça ne serait pas l'enrichissement de la démocratie".

"Marre du Sénat bashing". Mardi, le président du groupe UMP au Sénat, Bruno Retailleau, a lui aussi poussé un coup de gueule face aux critiques visant la chambre haute. "J'en ai absolument marre du Sénat bashing", a-t-il lancé sur Public Sénat, vantant les "groupes de travail" lancés par Gérard Larcher pour rénover l'institution. Le président du Sénat a annoncé que des propositions de réformes seraient présentées le 11 mars.

Pas touche à Public Sénat. Petit bémol : une réforme au moins ne verra pas le jour, il s'agit du projet de fusion des deux chaînes parlementaires, LCP et Public Sénat, qui se partagent le même canal sur la TNT. Le bureau du Sénat s'est prononcé mercredi à l'unanimité contre cette éventualité, "faute de projet d'entreprise, faute de projet social, faute de projet éditorial", a justifié Gérard Larcher. Les sénateurs garderont donc leur chaîne de télé.

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