Satisfaction du PS à l'issue du débat Royal-Bayrou

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Administrator User , modifié à
Les socialistes se déclaraient hier soir globalement satisfaits du débat entre leur candidate et François Bayrou. C'était une rencontre sans précédent sous la Ve République. Un candidat éliminé au premier tour de l'élection présidentielle, François Bayrou, débattait publiquement avec un des deux rivaux du second tour, en l'occurrence Ségolène Royal. Il s'agissait, selon Ségolène Royal, de "faire un bout de chemin ensemble", de "faire émerger des convergences".

Les socialistes ont tiré samedi un bilan positif du dialogue télévisé de Ségolène Royal avec François Bayrou. Ils ont considéré que Nicolas Sarkozy, leur adversaire pour le second tour, était le "perdant" de l'opération engagée par la candidate socialiste pour rassembler l"électorat. Hier, l'unanimité était de mise pour se réjouir qu'elle ne soit pas entrée dans un marchandage avec le président de l'UDF autour de son "pacte présidentiel". "C'était serein et en même temps sans concession", selon Elisabeth Guigou. "Les présents ont tiré avantage de ce dialogue. L'absent aura été le seul perdant", a affirmé le premier secrétaire François Hollande, désignant Nicolas Sarkozy. Autre proche de Ségolène Royal, Julien Dray a vu dans le débat avec M. Bayrou "un booster considérable pour la dernière semaine", alors que "l'énervement" domine, selon lui, chez le candidat UMP. Le débat qui opposait Ségolène Royal et François Bayrou samedi midi ne s'est pas terminé par un ralliement du leader centriste à la candidate du PS. La socialiste et le président de l'UDF ont dialogué pendant plus d'une heure et demie. Débat qui était une première politique en France, puisqu'il opposait une candidate présente au second tour et "un troisième homme". Quatre thèmes ont été abordés : les institutions, l'Europe, l'économie et la vie quotidienne. Des convergences sont apparues entre les deux participants, des divergences aussi notamment sur l'économie.Dès l'ouverture du débat, Ségolène Royal s'est félicitée d'ouvrir "un dialogue" pour sortir de "l'affrontement bloc contre bloc" qui "ne marche pas". La candidate socialiste n'était pas là, a-t-elle dit, pour récupérer les voix de François Bayrou : elle envisage un "bout de chemin ensemble". "Nous ne sommes pas d'accord sur tout", a-t-elle déclaré, mais des "millions de Français pensent que sur des sujets difficiles nous pouvons faire émerger des convergences". François Bayrou, lui, a fait valoir que Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et lui-même en tant que représentants des "trois forces structurant la vie politique française" avaient "le devoir de faire bouger les choses". "Nous avons à bâtir en France le pluralisme", qui, selon lui, n'existe plus depuis des décennies. "Quel que soit celui qui sera élu, il aura besoin de faire travailler ensemble des courants politiques différents".Première convergence : Ségolène Royal et François Bayrou ont tous deux dénoncé l'indemnité dégressive dont bénéficieront les députés qui ne seront pas réélus en juin. La candidate socialiste a évoqué "une maladresse", "une décision pas opportune", promettant de remettre en cause ce système mais, avec "en contre-partie", l'élaboration "d'un véritable statut de l'élu". Elle a estimé que le versement de cette indemnité dégressive partait "d'un bon sentiment" car certains élus battus, qui n'appartiennent pas à la fonction publique, se sont "retrouvés au RMI". François Bayrou a jugé que la décision des parlementaires de s'accorder cette indemnité dégressive était "symboliquement très dure" pour les Français. De nouveau, il a expliqué que les élus devaient être "exemplaires". Concernant l'Europe, François Bayrou estime qu'il y a eu "un divorce entre les Français et l'Europe, je veux la réconciliation et je travaillerai pour cela". Le leader centriste parle du texte de la Constitution européenne comme d'un "piège, et ce piège était qu'on voulait imposer aux Français un modèle de société qui n'était pas le leur". "Il faut reconstruire une Europe qui réussisse à lutter contre le chômage, à lutter contre les délocalisations, pour que les Français reprennent confiance en l'Europe", selon Ségolène Royal. Tous les deux sont d'accord sur la ncécessité d'organiser un nouveau référendum concernant les réformes institutionnelles de l'Union européenne, mais en désaccord sur une éventuelle réforme de la Banque centrale européenne. La socialiste y est favorable à la différence de François Bayrou. Les divergences les plus importantes entre Ségolène Royal et François Bayrou sont apparues sur le thème de l'économie. Le leader UDF a fait part de son "désaccord économique assez profond" avec le pacte présidentiel de Ségolène Royal, notamment sur "les promesses" de "quelque 62 milliards d'euros" avancées par la candidate PS. Un désaccord certes mais Ségolène Royal a répondu : "mon objectif n'est pas de chercher à convaincre François Bayrou". "Et donc le pacte présidentiel sera mis en application", a-t-elle ajouté. Ce pacte "est un contrat avec les Français, ils l'ont fait avec moi, c'est à eux que je rendrai des comptes et nous avancerons ensemble pour mettre en place ce pacte pour l'améliorer, l'orienter, l'adapter", a-t-elle dit. Divergences donc sur la question de la dette publique, sur l'intervention de l'Etat pour les questions de la sécurité sociale professionnelle, sur la souplesse du marché de l'emploi et sur les cautions immobilières. Concernant les 35 heures, Ségolène Royal a affirmé vouloir "avancer sur la généralisation des 35 heures" aux petites entreprises, qu'elle a qualifié de "progrès humain considérable", alors que François Bayrou a jugé que c'était "une très mauvaise idée", mais il s'est déclaré hostile à l'abrogation des 35 heures. Toutefois la candidate du PS a affiché sa possibilité d'évolution. "Je ne suis pas une femme de dogme, je suis libre. Nous sommes en désaccord sur la facon de voir les choses mais vous voyez qu'en discutant des rapprochements ne sont pas impossibles", a-t-elle dit.Désaccord aussi entre Ségolène Royal et François Bayrou sur la réduction de la part du nucléaire dans la production d'énergie. "Je ne vois pas comment on va remplir les objectifs de Kyoto" pour lutter contre le réchauffement climatique "sans conserver notre outil de production nucléaire", a déclaré le président de l'UDF. La candidate socialiste a exprimé sa méfiance à l'égard du nucléaire et elle a insisté sur la nécessité d'"augmenter la part des énergies renouvelables dans la production d'énergie". "Les choix sur le nucléaire doivent être débattus avec les citoyens" et c'est pourquoi "le décret sur la construction de l'EPR (réacteur nucléaire de nouvelle génération) sera suspendu", a ajouté la candidate socialiste. A l'issue de ce débat, François Bayrou a redit qu'il n'avait pas encore décidé pour qui il voterait le 6 mai. Il s'est réjoui d'avoir pu débattre avec Ségolène Royal, y voyant, comme la candidate socialiste, un signe de modernisation de la vie politique française. Le leader centriste est d'ailleurs toujours prêt à débattre avec Nicolas Sarkozy.