Sarkozy redevient un justiciable "normal"

Nicolas Sarkozy perdra son immunité présidentielle après la passation de pouvoir du 15 mai.
Nicolas Sarkozy perdra son immunité présidentielle après la passation de pouvoir du 15 mai. © REUTERS
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Karachi, Bettencourt, Kadhafi… De nombreux dossiers restent sur la table du président sortant.

Que va devenir Nicolas Sarkozy? Si l'on ignore encore quelle suite il entend donner à sa carrière, on sait d'ores et déjà que son avenir pourrait être agité du point de vue judiciaire, l'ex président de la République devenant un justiciable comme les autres.

L’article 67 de la Constitution stipule en effet que le président de la République ne peut durant son mandat "être requis de témoigner" ni "faire l'objet d'une action, d'un acte d'information, d'instruction ou de poursuite". Mais cette interdiction est levée un mois après la cessation de ses fonctions.

Or l'investiture de François Hollande doit avoir lieu au plus tard le 15 mai, et le quinquennat de Nicolas Sarkozy s'achèvera ce jour-là à minuit. Les juges pourraient donc théoriquement convoquer Nicolas Sarkozy à partir du 16 juin. Europe1.fr fait le point sur les affaires en cours.

Karachi menace encore. Le dossier le plus délicat dans lequel son nom apparait reste celui de l'affaire Karachi. La justice enquête sur un éventuel financement occulte de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, dont Nicolas Sarkozy, ministre du Budget à l'époque, était le porte-parole. Elle s'interroge sur la provenance de dix millions de francs versés en espèces sur le compte de campagne de l'ancien Premier ministre. Si la vente de tee-shirts et de gadgets est avancée comme explication, les juges d'instruction Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire soupçonnent un financement illicite par le biais de rétro commissions liées à des contrats d'armements avec le Pakistan.

Ce dossier est lié à l'attentat de Karachi, qui a causé la mort de 11 Français. La justice soupçonne que cet attentat pourrait avoir été commis suite à l'annulation du versement de certaines commissions occultes promises à des intermédiaires.

"Ça fait bientôt 17 ans. Est-ce que vous imaginez que s'il y avait quoi que ce soit à reprocher à M. Balladur, on ne l'aurait pas trouvé ?", protestait en octobre 2011 Nicolas Sarkozy.

La tentacule de l'affaire Bettencourt. Vient ensuite l'affaire Bettencourt. Ce tentaculaire dossier dispose d'une branche qui porte sur des soupçons de financement illégal de la campagne électorale de 2007 de Nicolas Sarkozy. Claire Thibout, l'ex-comptable de la milliardaire Liliane Bettencourt, affirme notamment que Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune cette dernière, lui aurait demandé de retirer 150.000 euros en liquide à destination de la campagne.

Témoignages, agendas des protagonistes, traces de retraits d'argent en liquide… Les indices sont jugés suffisants pour une mise en examen d'Eric Woerth (trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007) et récemment de Patrice de Maistre, par le juge Jean-Michel Gentil.

Même si Nicolas Sarkozy dément toute irrégularité, il se pourrait que le juge Gentil veuille entendre le président sortant très rapidement.

L'affaire Kadhafi révélée par Médiapart. D’autres accusations, toujours sur le financement de sa campagne de 2007, lancées en 2011 par le fils du colonel Kadhafi, Saïf Al-Islam, ont par ailleurs ressurgi entre les deux tours. Le site Mediapart a publié un document controversé attribué à un ex-homme de confiance de Kadhafi, faisant état d'un "accord de principe" conclu en 2006 et portant sur 50 millions d'euros.

Nicolas Sarkozy a parlé d'"infamie" et porté plainte pour "faux" et "publication de fausses nouvelles" contre le site Internet. Lequel a riposté en déposant une plainte en dénonciation calomnieuse contre le président sortant.

D'autres dossiers en cours. Nicolas Sarkozy est également visé par deux plaintes pour violation de la présomption d'innocence par les avocats d'Yvan Colonna. Le futur ex-chef de l'Etat l'a qualifié à plusieurs reprises "[d']assassin du préfet Erignac".  Or le berger corse s'est pourvu en cassation et sa condamnation n'est pas encore définitive.