Sarkozy : il y a désormais "deux Europe"

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avec agences , modifié à
Le chef de l’Etat français a critiqué le veto anglais et écarté la menace de la perte du AAA.

Il veut aller vite et ne pas dévier de la trajectoire définie vendredi à Bruxelles par 26 des 27 membres de l’Union européenne, à l’exception notable du Royaume-Uni. Nicolas Sarkozy a annoncé lundi, dans une longue interview accordée au journal Le Monde, que l'Union européenne allait mettre au point le contenu juridique du projet d'accord intergouvernemental en vue d'un nouveau traité en mars. Un texte qu'il a défendu dans tous ses aspects. Europe1.fr liste les principaux points de l'argumentaire de Nicolas Sarkozy.

C'est un nouveau départ pour l'Europe. "Il faut bien voir que c'est une autre Europe qui est en train de naître : celle de la zone euro, où les maîtres mots seront la convergence des économies, des règles budgétaires, de la fiscalité. Une Europe où nous allons travailler ensemble à des réformes permettant à tous nos pays d'être plus compétitifs, sans renoncer pour autant à notre modèle social", a argumenté Nicolas Sarkozy.

Le risque d’"explosion" de la zone euro que le chef de l’Etat français avait mis en avant la semaine dernière existe-t-il toujours ? "J'aimerais pouvoir dire qu'il est totalement écarté", a commenté Nicolas Sarkozy. Mais "je m'en garderai pourtant", a-t-il ajouté. "Si vous voulez bien considérer que le tout s'est déroulé sur le fond d'une crise de la dette sans précédent dans l'histoire du monde, je n'ai nullement cherché à dramatiser lorsque j'ai dit que nous étions tous au bord du précipice", s’est au passage défendu Nicolas Sarkozy.

"Nous affronterions cette situation avec sang-froid"

Et si la France perd quand même son AAA ? Le chef de l'Etat a jugé lundi qu'une éventuelle décision des agences de notation de dégrader la France, actuellement créditée de la meilleure note AAA, constituerait "une difficulté de plus, mais pas insurmontable". "Si elles (les agences, ndlr) devaient nous le retirer, nous affronterions cette situation avec sang-froid. Ce serait une difficulté de plus, mais pas insurmontable", juge le chef de l'Etat français dans le quotidien daté de mardi. "Ce qui compte avant tout, c'est la crédibilité de notre politique économique et notre stratégie déterminée de réduction de nos dépenses", a-t-il ajouté.

L'Allemagne n'a pas gagné. C'était une critique formulée dans la classe politique après le sommet de Bruxelles : l'accord était vu comme une victoire des intérêts allemands sur la position française. "C'est vrai que le sommet de Bruxelles est le fruit d'un compromis franco-allemand et, depuis le début de cette crise, nous avons fait mouvement l'un vers l'autre", a répliqué Nicolas Sarkozy.

"Il y a clairement deux Europe"

La France ne perdra pas sa souveraineté. Quant à ceux, souverainistes en tête, qui redoutent une perte de souveraineté, Nicolas Sarkozy a répliqué : "Pas un seul domaine nouveau de compétences ne sera transféré à une quelconque autorité supranationale". François Hollande, son probable adversaire politique à la présidentielle, a d’ores et déjà indiqué qu’il re-négocierait cet accord européen s’il arrivait au pouvoir.

La Grande-Bretagne est désormais à l'écart. Mais au-delà des seuls cas français et allemands, Nicolas Sarkozy n'a pas hésité à conclure qu'il existait "désormais clairement deux Europe" après le veto du Royaume-Uni. "Nous avons tout fait, la chancelière (allemande Angela Merkel) et moi pour que les Anglais soient partie prenante à l'accord. Mais il y a désormais clairement deux Europe, l'une qui veut davantage de solidarité entre ses membres et de régulation, l'autre qui s'attache à la seule logique du marché unique", a insisté le président français. Une ligne reprise par Bruxelles qui a dit "déplorer" le refus de la Grande-Bretagne de changer les traités européens.