Sarkozy débat dans une cité de Meaux

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Administrator User , modifié à
Nicolas Sarkozy a débattu, vendredi soir pendant une heure, avec des habitants et des responsables d'associations dans une salle de boxe d'une cité populaire de Meaux en Seine-et-Marne. Le candidat de l'UMP à l'Elysée a longtemps hésité à se rendre à ce rendez-vous de la cité Beauval, tenu secret par son entourage, où il est arrivé avec plus d'une heure et demie de retard, précédé par sa porte-parole Rachida Dati et le ministre délégué au Budget Jean-François Copé, maire de Meaux.

Les échanges, introduits par le président du Parlement des Banlieues Karim Zéribi, durent déjà depuis trois quarts d'heure quand un homme d'une cinquantaine d'années en djellaba blanche se lève dans la salle et demande presque timidement : "Est-ce que vous pouvez retirer deux mots ?" Ce sont les mots "racaille" et "kärcher", dont a usé l'ancien ministre de l'Intérieur lors de visites sur la "dalle d'Argenteuil" et dans une cité de La Courneuve. Mohamed Chaïb, président d'Energie citoyenne, une des deux associations qui reçoivent Nicolas Sarkozy, tente d'éloigner le débat de ce terrain miné en posant aussitôt une autre question mais le candidat de l'UMP ne se dérobe pas. Il ne retire pas les mots "racaille" et "kärcher" mais explique longuement les circonstances dans lesquelles il a été amené à les prononcer. "J'ai bien l'intention de continuer à dire qu'un voyou est un voyou et qu'une racaille et une racaille", ajoute-t-il. "Mais je n'ai jamais dit que tous les jeunes d'Argenteuil étaient des voyous ou des racailles." Plus tôt, la discussion avait failli déraper quand un homme d'une quarantaine d'année, revendiquant haut et fort sa nationalité française et son statut d'entrepreneur, avait dit se sentir "insulté" par les déclarations de Nicolas Sarkozy. "Quand je vous écoute à la télé, j'ai envie de vomir", dit cet homme. "Vous commencez vos discours par les femmes battues, le mouton égorgé (...) Moi je suis musulman, je suis intégré mais vous, vous êtes en train de créer la séparation entre les gens (...) Vous ne parlez que des choses mauvaises aux gens, vous faites peur aux gens !" "Ce n'est pas la peine de me montrer du doigt comme ça !" réplique le candidat. "Non seulement je n'ai jamais insulté vos compatriotes de confession musulmane, mais je les ai aidés." "Vous vous permettez de me faire des reproches qui sont une caricature aussi violente que la caricature (du président du Front national Jean-Marie) Le Pen à mon endroit", ajoute-t-il. L'ex-ministre de l'Intérieur est aussi interpellé sur les contrôles policiers au "faciès", la nomination de préfets musulmans, son projet de politique "d'immigration choisie". Enfin, Nicolas Sarkozy s'est attiré des applaudissements quand il a évoqué son projet de "plan Marshall II" pour les banlieues - un plan de formation rémunérée et en alternance (théorique et en entreprise) pour 250.000 jeunes des quelque 750 quartiers les plus défavorisés de France.