Sarkozy a une majorité mais perd Juppé

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
La droite a remporté dimanche la majorité absolue à l'Assemblée nationale mais de la vague bleue annoncée ne reste que l'écume, avec une victime emblématique, Alain Juppé, la gauche réalisant contre toute attente une percée après sa contre-performance du premier tour des législatives. L'UMP obtient 314 sièges et le PS 185 sièges.

La soirée aura été pleine de surprises. La vague bleue annoncée n'a pas eu lieu. Selon les chiffres définitifs du ministère du l'Intérieur, l'UMP obtient 314 sièges et le PS 185. Autre coup de théâtre d'un second tour-surprise : François Hollande et Ségolène Royal, couple dont les dissonances politiques se faisaient de plus en plus aiguës, se séparent. Coup de semonce pour Nicolas Sarkozy six semaines après son élection, le numéro deux du gouvernement, Alain Juppé, est battu dans la 2e circonscription de Gironde avec 49,07% des voix par la socialiste Michèle Delaunay (50,93%). Le maire de Bordeaux est le seul des onze ministres-candidats à subir une défaite. Conformément à la règle édictée par le Premier ministre François Fillon, le ministre de l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement durables a annoncé qu'il présenterait lundi sa démission au chef de l'Etat, un départ qui ébranle le nouvel exécutif, contraint à un délicat remaniement. Les trois autres ministres en lice au second tour, Michèle Alliot-Marie, Roselyne Bachelot et Christine Boutin, sont réélues. Selon les projections des instituts, la droite est en léger recul par rapport à 2002, date à laquelle elle avait gagné 397 sièges sur les 577 de l'hémicycle, dont 362 pour l'UMP. La majorité absolue étant de 289 sièges. La gauche, qui s'était donné pour mission de "limiter les dégâts" au vu de sondages défavorables, fait mieux qu'il y a cinq ans. Le Parti socialiste améliore son score, mais le Parti communiste perdrait son groupe à l'Assemblée. Le député-maire Vert de Bègles, Noël Mamère, reconduit, a cependant déclaré que les quatre députés Verts élus dimanche entendaient constituer un groupe en commun avec les communistes. Dans une chambre plus bipolaire que jamais, François Bayrou, porté à la tête d'un groupe UDF de 29 députés en 2002, se retrouve quasiment seul, mais bénéficiera du renfort d'au moins trois élus. François Fillon s'est engagé à "respecter" l'opposition et ses électeurs sous le sceau de l'ouverture et du rassemblement prônés par Nicolas Sarkozy. "Je dis aux électeurs qui n'ont pas voté pour les candidats de la majorité présidentielle que leur espoir déçu nous oblige, comme nous oblige l'immense attente de ceux qui nous ont fait confiance", a-t-il dit lors d'une allocution à Matignon. Réélu dans la première circonscription de Corrèze, François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, s'est réjoui que la France puisse "marcher sur ses deux jambes". "La vague bleue annoncée qui devait déferler n'a donc pas eu lieu. Il y aura, et c'est tant mieux, de la diversité et du pluralisme", a-t-il déclaré. L'ex-candidate à la présidentielle, Ségolène Royal, s'est félicitée pour sa part d'"une prise de conscience" civique salutaire pour la gauche. Dans la recomposition qui s'esquisse au PS, une péripétie privée, relayée par le site internet de l'hebdomadaire Marianne, promet d'amplifier les turbulences internes : François Hollande et Ségolène Royal se séparent. L'ex-candidate à la présidentielle l'annoncerait lundi. La rentrée parlementaire est prévue le 26 juin avec au programme de la session extraordinaire le "paquet" fiscal, les textes sur la délinquance, la loi-cadre sur le service minimum et la réforme de l'Université. Le projet de loi sur l'immigration sera débattu à partir du 15 septembre. Le remaniement gouvernemental est prévu pour mardi. Une dizaine de nouveaux secrétaires d'Etat devraient être nommés. Reste à surmonter l'hypothèque Juppé. Des rumeurs évoquent son remplacement par Jean-Louis Borloo, qui quitterait Bercy, ou Michel Barnier.