"La politique qui consisterait à sortir les gens de la rue n'existe pas" et "au lieu du retour à l'indépendance et au recouvrement de soi, le système mis en place n'aboutit trop souvent qu'à un dispositif de 'portes tournantes' dans lequel la personne sans abri, un temps secourue, hébergée, repart à la rue plus durement encore qu'auparavant" : c'est un constat d'échec sans appel qu'a dressé mercredi le conseiller d'Etat Jean-Marie Delarue. Dans un rapport public, il dénonce l'inefficacité du système d'aides aux SDF. Et lance un appel urgent à plus de cohérence.
"Ce qui caractérise la politique française, c'est la confusion des rôles, la séparation des fonctions, l'absence de souplesse, l'obscurité des objectifs", explique Jean-Marie Delarue, qui par l'intermédiaire de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale, a pu rencontrer de nombreux intervenants sur le terrain. Les chiffres qu'il met en parallèle attestent de cette inefficacité : malgré le milliard d'euros dépensé en France pour l'urgence sociale, jamais les sans-abris n'ont été aussi nombreux. Ils seraient au moins 220.000 selon les associations, dont un gros tiers à Paris.
Parmi les mesures concrètes que propose Jean-Marie Delarue, il demande que les institutions comme les prisons, l'aide sociale à l'enfance ou encore l'armée, dont viennent certains futurs SDF arrivent à suivre les personnes dont elles ont la charge sur le plus long terme. Pour éviter les expulsions locatives, il propose également de prendre en charge les non-paiements de loyer. Des propositions pour casser le cycle de la précarité.