Sale ambiance chez les socialistes avant l'examen du budget

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Louis Hausalter , modifié à
BRAS DE FER - Sanctionnés par le patron du groupe à l'Assemblée, les "frondeurs" comptent combattre certaines mesures du gouvernement.

"Une purge". Le mot a été lâché mardi par Christian Paul, député de la Nièvre. Le matin même, Bruno Le Roux, patron du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, avait annoncé sa décision l'écarter, lui et plusieurs de ses camarades "frondeurs", de certaines commissions en vue de l'examen du budget. Une sanction qui a provoqué de vives réactions au sein du groupe, alors que la discussion sur le budget s'annonce d'autant plus tendue qu'elle sera l'occasion pour l'aile gauche du PS de donner à nouveau de la voix.

Comme l'a révélé Europe 1, Bruno Le Roux a en effet fait le ménage dans les commissions qui joueront un rôle clé dans l'examen des projets de loi de finances. Cinq élus qui n'avaient pas voté la confiance à Manuel Valls ont notamment été écartés de la commission des affaires sociales, dont sa présidente, Catherine Lamorton. "La méthode est détestable", a-t-elle pesté dans Le Monde, disant avoir été virée en un simple envoi de SMS.

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Des "brimades mesquines"

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Dans cette ambiance de règlements de comptes, la discussion budgétaire de cet automne s'annonce particulièrement houleuse. "Nous soulevons des débats de fond, sur la bonne politique économique et sociale pour sortir le pays de la crise, et on nous répond par des brimades mesquines", s'agace le député aubryste Jean-Marc Germain (photo), contacté par Europe 1. "Mais rien de nous empêchera de parler ni faire notre travail, en fidélité à nos électeurs, nos engagements et nos convictions", assure-t-il.

Pour autant, les "frondeurs" risquent d'aborder le débat en position de faiblesse. Car les commissions jouent un rôle important dans l'examen des textes budgétaires. Elles sont les premières à se pencher dessus et à proposer des amendements, jouant le rôle de poisson-pilote pour l'ensemble de l'Hémicycle lors de la discussion en séance plénière.

Les "cadeaux" aux entreprises dans le collimateur

Il n'empêche, la gauche de la gauche compte combattre certaines mesures voulues par le gouvernement, comme le coup de rabot sur la politique familiale annoncé lundi lors de la présentation du budget de la Sécu. "Nous ne sommes pas favorables à la remise en cause des prestations familiales, comme la prime naissance ou la réduction du congé parental", a prévenu le député Christian Paul. Autre cible : la vingtaine de milliards d'euros d'allégement des prélèvements sur les entreprises, prévue dans le cadre du pacte de responsabilité. Un "cadeau" que les "frondeurs" aimeraient plutôt voir accordé aux ménages.

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Mais, au nombre d'une trentaine, si l'on s'en tient aux résultats du vote de confiance du 16 septembre, que peuvent-ils vraiment faire ? "Nous sommes dans la même logique qu’au printemps, au moment du vote du collectif budgétaire. C’est-à-dire des amendements et un vote de conviction", prévenait début septembre dans L'Opinion Laurent Baumel, autre figure des "frondeurs".

Bruno Le Roux "sûr" d'avoir une majorité

Pour mater la guérilla parlementaire, Manuel Valls dispose de plusieurs armes de dernier recours : le vote bloqué, qui empêche le dépôt d'amendements, et le fameux article 49-3, qui permet de faire passer un texte sans vote. Mais il est peu probable que le Premier ministre les utilise face à une fronde qui représente moins de 10% des députés socialistes.

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Lundi, Bruno Le Roux se disait "sûr qu'il y aura une majorité pour voter le budget". Le patron du groupe PS ne voyait par conséquent "aucune nécessité" d'utiliser le 49-3. Pour autant, "cela ne sera pas simple", prévenait-il, prudent face à l'indiscipline durable d'une partie de ses troupes.