Royal parie sur un "nouvel élan" de campagne

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Administrator User , modifié à
Séparée des polémiques parisiennes par un océan, Ségolène Royal a cherché aux Antilles les moyens de remettre sur les rails un début de campagne chaotique, sous le coup des attaques de la droite et d'un trou d'air dans les sondages.

A moins de trois mois du premier tour, la candidate socialiste à la présidentielle n'a eu de cesse pendant trois jours de réactiver le clivage entre la gauche et la droite, insistant sur les "valeurs" de l'une, dénonçant la "brutalité" de l'autre. Face aux incompréhensions suscitées au sein de son propre parti par sa campagne participative, la première femme à avoir une vraie chance d'accéder à l'Elysée assure n'avoir "aucune inquiétude" même si elle admet que sa méthode comporte une "prise de risque". Un glissement sémantique s'est opéré dans sa bouche pendant sa tournée caribéenne, menée au pas de course. La "phase d'écoute" qu'elle s'est assignée jusqu'au 11 février, date de la présentation de sa plate-forme présidentielle, s'est muée en "écoute, dialogue et propositions", comme l'atteste son agenda de campagne des prochains jours. Ecoute jeudi à Grenoble lors d'un débat participatif sur la jeunesse et propositions samedi où elle fera en région la synthèse de ces 5.000 réunions annoncées et le 6 février lors d'un meeting parisien. Avant la grande journée du 11 février, à Montreuil, où elle soumettra son projet aux secrétaires de sections socialistes. Tout ne sera pas alors affiché dans le moindre détail. "Je ne suis pas dans le perfectionnisme absolu", prévient la candidate. Elle explique ne faire "ni arithmétique ni géométrie" mais de la "cohérence" et de la "mise en place" dans les "grandes lignes". Pour ensuite affiner, "il y a encore du temps de campagne", souligne-t-elle. A son arrivée en Martinique vendredi, la postulante à l'Elysée s'est régalée d'un "moment magique" à écouter des écolières entonner une chanson de bienvenue, loin d'une "campagne difficile, pleine de dureté". Dimanche, elle a assuré repartir "toute regonflée" de ces latitudes où elle s'est livrée à des bains de foule jusqu'alors inhabituels, distribuant des bises et serrant des dizaines de mains à travers la fenêtre de sa berline. Devant des foules bigarrées, celle qui est née au Sénégal avant de vivre en Martinique s'est présentée comme la future présidente d'une "France métissée". A chacune de ses prises de parole, elle a salué ses "frères et soeurs" insulaires et attaqué la "loi scélérate" qui évoquait le "rôle positif" de la colonisation. Envers des DOM-TOM qui ne doivent pas être des "périphéries" mais au contraire au centre de la question "majeure" de la diversité, elle a multiplié les promesses électorales, annonçant - "si je suis élue" - le rétablissement des crédits du logement social ou du fonds pour l'emploi. Portée par le "souffle" et la "chaleur" des îliens, qui l'ont érigée en "fanm doubout" - la femme forte des Créoles - elle est passée à la contre-attaque. Sa visite dans les Caraïbes survenait au terme d'une nouvelle semaine de polémique, débutée par les révélations sur les enquêtes de Renseignements généraux dont auraient fait l'objet certains de ses proches et terminée sur le canular de l'humoriste Gérald Dahan, réputé proche de l'UMP.