Royal enclenche la sixième

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Administrator User , modifié à
A cinq semaines du premier tour de la présidentielle, Ségolène Royal s'est livrée dimanche à une opération de séduction des élus du Parti socialiste, qu'elle a placés "à l'avant-garde" de la future VIe République. Il y a quelques jours sur France 2, elle affirmait reprendre sa liberté.

Devant 4.000 maires, conseillers généraux ou régionaux réunis à la porte de Versailles, Ségolène Royal a explicité ses propositions institutionnelles, appelant pour la première fois aussi précisément à enterrer la Ve République. Dans son "pacte présidentiel", la présidente de Poitou-Charentes préconisait jusqu'alors le passage à une "République nouvelle" et annonçait un référendum institutionnel pour l'automne 2007. A l'heure où Ségolène Royal est talonnée dans les sondages par François Bayrou "qui joue les rebelles" par rapport au système, proposer une telle réforme institutionnelle, "c'est montrer qui est vraiment l'alternance", a expliqué Claude Bartolone, bras droit de Laurent Fabius. "Un truc pareil, ça vieillit Bayrou d'un coup". "Nous laissons le soin à Nicolas Sarkozy et François Bayrou de s'agripper aux oripeaux de la Ve République", s'est félicité de son côté Arnaud Montebourg, porte-parole de la candidate et héraut d'une VIe République. La nouvelle République modèle Royal s'appuie sur quatre piliers : "démocratie parlementaire revivifiée qui va mettre fin au cumul des mandats", démocratie sociale "qui va faire à la France un bond dans le futur", démocratie participative et démocratie territoriale. Et pour la première fois depuis le début de la campagne présidentielle, la candidate socialiste a choisi de clore son meeting organisé dans un lieu d'ordinaire prisé par la droite, par une Marseillaise. C'est un choix naturel qui s'impose quand on parle de la République, souligne-t-on dans son entourage. Loin de ses revendications de liberté et d'affranchissement de ces derniers jours, la candidate du PS a fait monter sur la scène tous les "éléphants" réunis porte de Versailles - un contraste visuel fort par rapport au meeting de Villepinte mi-février où, après avoir présenté ses "cent propositions", elle était longuement restée seule à la tribune. "Je sais ce que je vous dois, je sais ce que je dois à mon parti, je sais ce que je dois aux militants", a-t-elle déclaré au début de son allocution d'une quarantaine de minutes pendant laquelle elle a multiplié les hommages aux élus de terrain. "Vous qui consacrez votre vie au bien public, vous savez que c'est le désintéressement qui fait les grands destins", a-t-elle estimé. "Si je suis ici devant vous c'est d'abord parce que je suis une des vôtres", a-t-elle expliqué retraçant son parcours de conseillère municipale, générale, député et présidente de région. Dimanche, explique Claude Bartolone, le "partage des tâches" était clair. A la candidate de dérouler ses propositions, à Dominique Strauss-Kahn et François Hollande, "l'entreprise de démolition" des candidats de l'UMP et de l'UDF. "Chaque fois que l'UDF est en responsabilité, chaque fois qu'elle dirige, elle ne le fait pas avec les uns ou avec les autres", a expliqué le premier secrétaire du PS. "Elle le fait toujours avec la droite et rien qu'avec la droite parce que c'est dans sa nature, parce c'est dans sa culture". L'apolitisme, "vieille ritournelle", "c'est toujours l'arme de la droite lorsqu'elle est faible", a-t-il assuré. "De plus en plus, chaque jour, il apparaît que François Bayrou est une illusion, Nicolas Sarkozy une inquiétude et que Ségolène Royal Royal porte le changement", a estimé de son côté l'ancien ministre de l'Economie. "Quand on est la gauche, le choix est simple: on vote pour Ségolène Royal."