Régimes spéciaux : vers une suspension de la grève ?

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
A l'issue de la première journée de manifestations mercredi contre la réforme des régimes spéciaux de retraite et après réception de la "lettre de méthode" envoyée par Xavier Bertrand, François Chérèque, de la CFDT, a estimé avoir "les éléments pour suspendre la grève". Quelques heures plus tôt, Bernard Thibault, le leader de la CGT, avait lui souhaité la poursuite du mouvement en attendant des propositions officielles du gouvernement. "Le conflit doit s'arrêter le plus vite possible", a déclaré le président de la République.

"Le conflit doit s'arrêter le plus vite possible" car les conditions sont réunies pour "des négociations d'entreprises et de branches" : le président de la République est passé à la vitesse supérieure mercredi soir, par la voix de son porte-parole de l'Elysée. Pour justifier ses propos, il s'est appuyé sur la "lettre de méthode" qui a été envoyée aux syndicats par le ministre Xavier Bertrand en fin de journée. Un document qui doit fixer les conditions dans lesquelles vont se dérouler les discussions tripartites, entreprise par entreprise, proposées par la CGT et acceptées par le gouvernement. Selon Xavier Bertrand, "les choses progressent, les choses bougent et vont encore bouger dans les heures qui viennent". Dans son courrier, le ministre du Travail dit accorder "un mois" aux syndicats et aux dirigeants des entreprises concernées pour négocier la réforme, tout en précisant que les "textes réglementaires" de cette réforme "seront publiés" au terme de ce délai.

"Nous avons les éléments pour suspendre la grève", a indiqué de son côté le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, faisant lui aussi un pas vers la table des négociations après avoir reçu la lettre de Xavier Bertrand. Quelques heures plus tôt, au départ du défilé parisien, le secrétaire général de la CGT avait lui déclaré mercredi qu'il souhaitait "la poursuite du mouvement" dans l'attente d'une "réaction officielle du gouvernement".

"On ne peut arrêter une grève d'un coup de baguette magique", a tempéré de son côté le secrétaire confédéral à FO, Bernard Devy. Le syndicat Sud, quant à lui, continue de demander "le retrait de la réforme". Une "table ronde" est "en train de se préparer" à la SNCF, selon Bruno Duchemin, représentant de la Fgaac, le seul syndicat non gréviste. Mais la CGT a d'ores et déjà prévenu que ces négociations seraient longues, peut-être un mois.

"Faire cesser une grève qui n'est pas utile, qui n'aboutira pas à des résultats pour qui que ce soit, et qui gêne des millions de Français" : c'est l'objectif affiché par le Premier ministre François Fillon. Pour cela, il a mis en avant la proposition de négociation contenue dans la "lettre de méthode" envoyée par Xavier Bertrand aux syndicats. Une manière de répondre à tous ceux qui accusent le Premier ministre de vouloir, avec le président de la République, passer en force sur ce dossier. Mais François Fillon, lors d'une séance à l'Assemblée nationale, a aussi rappelé les trois points qui restent non-négociables : "le passage à 40 annuités de cotisations en 2012, l'indexation des pensions sur les prix, et le principe d'une décote".

La "forte mobilisation contraint le gouvernement à négocier" a estimé le Parti communiste qui a prévenu que "face à l'attitude constructive des syndicats, il serait totalement irresponsable que le gouvernement tente une nouvelle fois de mettre en scène une fausse concertation". Pour le socialiste Jean-Marc Ayrault, il est temps que le gouvernement saisisse "la main tendue" par les syndicats. "La seule voie possible pour avancer, pour des réformes partagées qui soient justes, efficaces, c'est d'accepter de mettre tout sur la table, de discuter, de se concerter mais surtout de négocier et trouver le bon compromis" a estimé le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale.