Régimes spéciaux : Sarkozy réclame un peu de méthode

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Nicolas Sarkozy a décidé de modifier son agenda à la suite des déclarations de son premier ministre sur Canal+. François Fillon a déclaré que la réforme des régimes spéciaux de retraite était prête et consistait à les aligner sur celui de la fonction publique. Une déclaration qui suscite la colère des syndicats. Opération déminage.

Nicolas Sarkozy veut se donner le temps de déminer le terrain en reportant au 20 septembre le discours qu'il devait prononcer mercredi à Nantes sur la fonction publique. L'Elysée a expliqué ce report par des "contraintes d'agenda". L'entourage du chef de l'Etat invoque la promesse qu'il avait faite d'assister mardi à Strasbourg aux obsèques du policier mort accidentellement la semaine dernière lors d'une visite à Colmar.

Mais la tâche s'est compliquée ces dernières semaines. "Les contraintes que le président s'est données avec ses choix fiscaux rendent très difficiles pour lui de répondre aux demandes des fonctionnaires en matière salariale", estime le secrétaire général de la FSU, Gérard Aschieri, A cela s'ajoute un assombrissement des perspectives de croissance économique, qui risque de réduire encore les marges de manoeuvre du gouvernement. Or, les syndicats estiment que l'évolution du pouvoir d'achat des fonctionnaires a pris un retard de 6% depuis 2000 et exigent l'ouverture de négociations salariales. Les contraintes économiques et budgétaires risquent de rendre plus difficile la réalisation d'une autre promesse du chef de l'Etat : redistribuer sous forme de revalorisation des traitements la moitié des économies réalisées grâce au non-remplacement de fonctionnaires partant à la retraite. Nicolas Sarkozy mise sur cette promesse pour faire passer la suppression de 22.800 emplois dans la fonction publique en 2008, soit le non-remplacement d'un départ à la retraite sur trois, qui devrait être porté à un sur deux les années suivantes. Le 2 septembre, la ministre de l'Economie Christine Lagarde a soufflé sur les braises de la grogne suscitée par ces suppressions de postes en parlant de "plan de rigueur".

La mêche a été rallumée par le chef du gouvernement lui-même, dimanche, en évoquant un autre sujet sensible. François Fillon a déclaré sur Canal+ que la réforme des régimes spéciaux de retraite était prête et consistait à les aligner sur celui de la fonction publique. Cette déclaration a suscité la colère des syndicats, qui soupçonnent une volonté de "passer en force", même si le Premier ministre a souligné que cette réforme serait menée "dans la transparence et la concertation". A l'Elysée, on explique que le report du discours de Nantes n'a rien à voir avec la réforme des régimes spéciaux, dont le chef de l'Etat a prévu de parler le 18 septembre devant l'Association des journalistes de l'information sociale, au Sénat. L'émoi suscité par les déclarations de son premier ministre n'en complique pas moins la tâche du président en provoquant un durcissement des syndicats, qui fait renaître le spectre des grandes grèves de l'automne 1995.

François Fillon, lassé d'être cantonné dans l'ombre d'un président omniprésent a-t-il voulu affirmer son existence en se rebiffant, comme le croient des membres de la majorité UMP ? "Il n'était pas forcément opportun de s'exprimer comme ça", confie un proche du chef de l'Etat. "Un peu de méthode ne nuit pas à la solution d'un problème", lui a indirectement répondu Nicolas Sarkozy, mardi, à Rennes.