Rassemblement à Brest pour un procès de l'Ocean Jasper

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Des dizaines de bateaux de pêche se sont rassemblés en rade de Brest mercredi pour demander le jugement en France de l'équipage de l'Ocean Jasper. Il s'agit du cargo impliqué dans le naufrage du chalutier Sokalique. Le drame a fait un mort le 17 août au large d'Ouessant (Finistère).

Le rassemblement se veut pacifique et il n'est pas prévu d'entraver la navigation. Des dizaines de bateaux de pêche se sont regroupés mercredi à quelques encablures du port militaire de Brest où l'Ocean Jasper est immobilisé. Il s'agit du cargo impliqué dans le naufrage du chalutier Sokalique qui a fait un mort le 17 août au large d'Ouessant, dans le Finistère. Les marins-pêcheurs bretons demandent que Nicolas Sarkozy règle le dossier avec son homologue des Kiribati pour que l'équipage soit jugé en France. "Il faut revoir la convention de Montego Bay qui prévoit le jugement dans l'état du pavillon du navire, en l'occurrence les îles Kiribati pour l'Ocean Jasper", estime André Le Berre, président du comité des pêches de Bretagne. "On nous avait promis un contact direct entre Nicolas Sarkozy et le président de l'état de Kiribati et celui-ci n'a pas encore eu lieu, c'est ce qui irrite les pêcheurs." Le président Nicolas Sarkozy avait déclaré la semaine dernière, lors des funérailles du patron-pêcheur du Sokalique retrouvé noyé après le naufrage de ce caseyeur basé à Roscoff, qu'il ferait tout pour que le procès se déroule en France tout en précisant qu'il n'était pas sûr d'y arriver. Selon André Le Berre, l'Elysée aurait assuré les marins-pêcheurs qu'un contact entre le président français et son homologue des îles Kiribati pourrait avoir lieu mercredi. "Nous manifestons aussi pour dénoncer les pavillons de complaisance et pour qu'on améliore la sécurité en mer après les nombreux abordages qu'il y a eu ces derniers temps", précise le président du comité régional des pêches. Interrogé par Le Figaro, un ministre du gouvernement des îles Kiribati se montre réticent à livrer à la justice française le cargo Ocean Jasper. Le droit maritime semble, selon l'interprétation privilégiée par le parquet de Morlaix, laisser à cet Etat-archipel du Pacifique le choix d'organiser lui-même le procès des responsables ou de le laisser à la France. "C'est un débat complexe qui touche à des questions de souveraineté et de respect du droit international. Nous comprenons bien sûr l'émotion suscitée en France par ce drame", déclare au Figaro daté de mercredi David Yeeting, ministre des Transports des Kiribati. "Pour autant, il demeure tout à fait envisageable que les responsables de l'accident soient jugés dans notre pays." David Yeeting ne cache pas que concéder un procès à la France mettrait en péril la source de revenus qu'est la commercialisation du pavillon des Kiribati. "Nous tirons de précieux revenus de cette activité, c'est pourquoi nous tenons à respecter la confiance que nos clients placent en nous. Or, la société propriétaire du cargo peut s'attendre à ce que le procès ait lieu dans le pays d'immatriculation, comme le prévoit le droit maritime". L'Ocean Jasper semble avoir envoyé le chalutier par le fond en quelques minutes en le percutant en pleine nuit. Les six marins de Roscoff qui composaient l'équipage du chalutier ont pu échapper à la mort sur un radeau de survie. Le vraquier de 90 mètres armé par une société turque, avait initialement poursuivi sa route vers la Turquie, refusant d'entrer en communication, mais a été dérouté sous escorte de la Marine nationale française et immobilisé à Brest. Dans leurs interrogatoires, le commandant et le second du navire ont confirmé l'existence d'une "collision avec un navire" au moment du naufrage. Les gendarmes ont retrouvé des traces de peinture sur la coque de l'Ocean Jasper et l'incident a été consigné sur son carnet de bord.