Quand le fondateur d'Auchan s'invite chez les Jeunes communistes

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Louis Hausalter avec AFP , modifié à
INSOLITE - Mécontent d'une affiche le qualifiant de "profiteur de la crise", Gérard Mulliez, troisième fortune de France, a eu un échange "ferme et courtois" avec de jeunes militants lillois.

C'est ce qui s'appelle arriver comme un chien dans un jeu de quilles. Gérard Mulliez, fondateur du groupe Auchan, a débarqué samedi à l'improviste dans une réunion des Jeunes communistes à Lille. Il voulait dénoncer une affiche le qualifiant de "profiteur de la crise".

"Vous n'êtes pas gentils avec moi". Samedi après-midi, une vingtaine de jeunes communistes tenaient leur conseil départemental, organisé chaque mois au siège lillois du Parti communiste français (PCF), et débattaient du chômage chez les jeunes. "Soudain, un monsieur pousse la porte d'entrée et commence à dire: 'vous n'êtes pas gentils avec moi!'", a expliqué Pascal, 24 ans.

Personne ne reconnaît alors Gérard Mulliez, 83 ans, considéré comme la troisième fortune de France par le magazine Challenges.  L'intrus pointe ensuite le doigt sur l'affiche placardé sur un mur et le mettant en scène, où l'on peut lire "Gérard Mulliez, actionnaire milliardaire, profiteur de la crise / Ils empochent, nous produisons / Justice fiscale!".

Un échange "ferme et courtois". "Il nous a expliqué qu'il créait des emplois avec ses supermarchés, qu'à notre âge il avait déjà créé ses premiers magasins et que ce qu'on écrivait n'était que du charabia idéologique", a ajouté Pascal, qui a qualifié de "ferme et courtois" l'échange de cinq minutes entre le grand patron et les jeunes militants. "Il est venu plein de bons sentiments patronaux, mais il fait tourner à fond un système que l'on dénonce".

Le fondateur d'Auchan n'a pas obtenu gain de cause : la section du Nord-Pas-de-Calais du PCF a indiqué qu'elle ne comptait pas mettre un terme à la campagne d'affichage. "Cette campagne vise à dénoncer la baisse du pouvoir d'achat des salariés alors que des grandes fortunes continuent de s'enrichir tout en bénéficiant d'aides publiques, comme le CICE", a déclaré dans un communiqué le PCF, qui souhaite débattre des inégalités "avec les grandes familles du Nord, dont Mulliez".

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