Proche-Orient : Fillon, Juppé et Raffarin sermonnent Hollande

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Louis Hausalter avec AFP , modifié à
TRIBUNE - Le triumvirat à la tête de l'UMP appelle le chef de l'Etat à intervenir en Irak pour éviter à la France le "déshonneur".

La lettre. ll arrive que les dirigeants de l'UMP soient d'accord entre eux. Comme l'annonçait Le Lab d'Europe 1, les trois anciens Premiers ministres chargés de la direction provisoire du parti d'opposition publient dans Le Monde daté de jeudi une lettre ouverte à François Hollande sur la situation au Proche-Orient. François Fillon, Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin exhortent le chef de l'Etat à intervenir : "nous devons répondre sans attendre aux urgences humanitaires à Gaza comme en Irak", écrivent-ils.

"Passivité et suivisme". "Depuis deux ans, la politique étrangère française oscille au Proche-Orient entre passivité et suivisme. Celle de l'Europe y est illisible", tacle le trio. "Les initiatives de la France et de la Grande-Bretagne vont dans le bon sens, mais elles sont insuffisantes. C'est un engagement massif de l'Union européenne qui est nécessaire et c'est maintenant !"

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Fournir des armes aux Kurdes. "Aujourd'hui, monsieur le Président, face aux urgences de la scène internationale, la France, pour faire entendre sa voix, doit avoir l'audace de l'initiative et demander la réunion sans délai d'un conseil européen extraordinaire", poursuivent les trois coprésidents de l'UMP par intérim. Ils demandent notamment de "réaffirmer l'exigence d'un cessez-le-feu et d'un programme humanitaire pour les Palestiniens de Gaza", "le déblocage immédiat d'un programme massif d'aide humanitaire aux populations déplacées en Irak", "le soutien aux frappes américaines contre les djihadistes irakiens" ou encore "une politique collective de fourniture d'armes aux combattants kurdes qui constituent le seul rempart contre le massacre des chrétiens d'Irak".

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Le "risque du déshonneur". "L'opposition a plus que jamais un devoir de modestie. Et notre place exige sans doute beaucoup de mesure", tempèrent les trois anciens locataires de Matignon. "Elle nous interdit autant de garder le silence. Parce que, face aux tragédies qui se déroulent sous nos yeux si ce n'est à nos portes, la France elle-même a le devoir de faire entendre sa voix. Au risque du déshonneur."

Des "outrances" pour Fabius. La réponse du gouvernement ne s'est pas fait attendre. "Le combat de politique intérieure ne justifie pas toutes les outrances", a peu après affirmé Laurent Fabius dans un communiqué. Pour le ministre des Affaires étrangères, "alors que chacun reconnaît combien la France a été et est active par elle-même et pour mobiliser l'Europe et la communauté internationale en Irak, dans le conflit israélo-palestinien, en Syrie, au Liban, et plus généralement au Proche et au Moyen-Orient, il est surprenant - et à vrai dire attristant - de lire les déclarations des trois coprésidents de l'UMP par intérim critiquant sans fondement ni nuance la politique étrangère de leur propre pays".