Premier bain de foule présidentiel pour Nicolas Sarkozy

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Administrator User , modifié à
Visiblement plus détendu que dans la matinée, Nicolas Sarkozy a rompu le protocole mercredi après-midi sur les Champs-Elysées pour aller serrer les mains des Français. Le nouveau chef de l'Etat a déposé une gerbe sur la tombe du Soldat inconnu, sous l'Arc de Triomphe, après avoir remonté la plus belle avenue du monde à bord d'une voiture décapotable.

Mercredi en début d'après-midi, Nicolas Sarkozy a quitté l'Elysée par la grille du Coq, dans les jardins du palais présidentiel, à la suite d'un déjeuner privé consécutif à son installation officielle comme sixième président de la Ve République. Escorté par des motards et la Garde républicaine, il a remonté l'avenue des Champs-Elysées à bord d'un prototype prêté par Peugeot, une 607 décapotable, en saluant la foule massée derrière des barrières de sécurité, lançant des "Merci !" Après avoir déposé une gerbe sur la tombe du Soldat inconnu, Nicolas Sarkozy est allé saluer et serrer les mains de badauds qui l'acclamaient. Le nouveau président de la République a ensuite déposé une gerbe au pied de la statue de Georges Clémenceau au Rond-Point des Champs-Elysées, en présence de descendants de la famille du "Tigre". Il s'est ensuite rendu à pieds près de celle du général De Gaulle, toute proche, pour y déposer là aussi des fleurs. Nicolas Sarkozy s'est ensuite rendu à la cascade du Bois de Boulogne, où furent fusillés le 16 août 1944 une trentaine de jeunes gens, âgés pour la plupart de 18 à 32 ans. Il a prononcé une allocution à la mémoire de ces étudiants martyrs. "Ce qu'ils incarnent est invicible. Ils ont dit 'non' : 'non' à la fatalité, 'non' à la soumission, 'non' au déshonneur, 'non' à ce qui rabaisse la personne humaine et ce 'non' continuera d'être entendu bien après leur mort, parce que ce 'non', c'est le cri éternel que la liberté humaine oppose à tout ce qui menace de l'asservir. Ce cri, nous devons l'entendre encore", a déclaré Nicolas Sarkozy en présence notamment de l'amiral Philippe de Gaulle et de l'ancien Premier ministre Pierre Messmer, l'un des premiers à rejoindre le général de Gaulle en 1940. Une lycéenne, Sofia Abrahimi, a ensuite lu la lettre que Guy Môquet écrivit à ses parents la veille de son exécution le 22 octobre 1941. Elève du lycée Carnot, militant des jeunesses communistes, ce jeune homme de 17 ans et demi faisait partie des cinquante otages fusillés en représaille au meurtre du Feldkommandant Karl Hotz le 20 octobre 1941 à Nantes. "Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi" écrit-il notamment. Cette lettre, que Nicolas Sarkozy a citée à plusieurs reprises dans ses meetings publics, sera dorénavant lue dans les lycées de France. "Je voudrais dire aux Français que ma première décision de président de la République sera de demander au futur ministre de l'Education nationale que cette lettre soit lue en début d'année à tous les lycéens de France. C'est un exemple pour l'avenir", a dit le nouveau chef de l'Etat. "Il est essentiel d'expliquer à nos enfants ce qu'est un jeune Français. Il est essentiel de leur montrer à travers le sacrifice de quelques-uns, de ces héros anonymes dont les livres d'Histoire ne parlent pas, ce qu'est la grandeur d'un homme qui se donne à une cause plus grande que lui", a-t-il souligné. "Je veux par ce geste que nos enfants mesurent l'horreur de la guerre et à quelles extrémités barbares elle peut conduire les peuples les plus civilisés", a-t-il poursuivi dans un message à la tonalité tout autant hexagonale que diplomatique. Nicolas Sarkozy a ensuite quitté l'aéroport d'Orly à destination de l'Allemagne pour rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel. Un premier engagement symbolique destiné à souligner la pérennité du lien franco-allemand pour le successeur de Jacques Chirac, que l'on attendait dans le registre de la "rupture".