Pourquoi Le Pen doit se trouver des alliés européens

Geert Wilders et Marine Le Pen.
Geert Wilders et Marine Le Pen. © MaxPPP
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ZOOM - La patronne du FN cherche à constituer un groupe politique au Parlement européen.

Contexte. Les élections municipales ne sont pas la seule marotte du Front national. Marine le Pen attend également beaucoup des élections européennes, qui pourraient lui rapporter gros dans un climat de défiance généralisée à l’égard de Bruxelles, comme un sondage paru début octobre dans Le Nouvel Observateur l’a démontré. Pour ce faire, la patronne du FN, qui compte actuellement trois eurodéputés, s’organise. Elle a notamment rencontré, la semaine dernière,  Geert Wilders, le numéro un du PVV, parti nationaliste néerlandais, pour lancer un appel à l'union des partis nationalistes au Parlement européen.

Qu’est-ce qu’un groupe politique au Parlement européen ? Avant toute chose, c’est un argument politique : montrer que l’on n’est pas seul et que l’on n’est pas seulement un parti contestataire. "Le temps où les mouvements patriotes étaient divisés, étaient impressionnés, parfois terrorisés par la diabolisation, est terminé. Nous, les partis patriotes qui avons des points communs essentiels dans le combat commun contre l'UE, nous allons mettre nos forces en commun", a ainsi déclaré Marine Le Pen après son entrevue avec Geert Wilders, l’homme qui compare Mein Kampf au Coran. Dit autrement : nous voulons former un groupe politique.

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Depuis les élections européennes de juin 2009, le règlement du Parlement européen a été modifié et il faut désormais 25 députés - contre 20 auparavant - provenant d'au moins un quart des États membres pour former un groupe, soit un minimum de sept pays. Vendredi dernier, les représentants de cinq partis d'extrême droite ont donc cherché à mettre au point une stratégie commune : Front national, Ligue du Nord (Italie), Démocrates de Suède, Vlaams Belang (Belgique) et Parti de la liberté (FPÖ, Autriche). Les Néerlandais du PVV sont également d’accord. Il manque donc un partenaire à cette alliance en gestation. Ce ne sera pas le Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (Ukip), qui estime que le FN est un parti antisémite. Ce ne sera pas non plus le Parti populaire, un mouvement danois eurosceptique et anti-immigration : "le Parti populaire danois n'aime pas le Front national. Le Front national a un fond antisémite", a déclaré le porte-parole du parti, Soeren Soendergaard.

Quel intérêt de s’unir ? Marine Le Pen sait que s’allier à des partis extrémistes, elle qui chercher à tout prix à dédiaboliser le sien, peut s’avérer risqué. Mais le jeu en vaut la chandelle. Les groupes politiques peuvent en effet déposer des motions de résolution ainsi que des amendements qui doivent être votés, ce que Marine Le Pen, qui siège en tant que non-inscrite, ne peut actuellement pas faire. "Non inscrits, nous ne pouvons pas déposer d'amendements. Il est donc très important de constituer un groupe politique après les futures élections européennes pour pouvoir peser plus fortement sur le débat et défendre plus efficacement les idées qui sont les nôtres"

Outre la possibilité de peser davantage dans les débats et d’avoir un temps de parole proportionnel à la taille du groupe, siéger dans un groupe politique permet également de disposer des moyens offerts par le Parlement : collaborateurs, secrétariat, bureaux, salles de réunion, traduction, budget pour la communication. Pas anodin alors que le Front national a définitivement été condamné par la Cour de cassation, il y a trois jours, à rembourser plus de six millions d'euros à son ancien imprimeur, Fernand Le Rachinel.