Pour le préfet Bonnet, Yvan Colonna a "le profil" du commando

  • Copié
Rédaction Europe1.fr , modifié à
L'ancien préfet de Corse Bernard Bonnet, le successeur de Claude Erignac, est venu lundi à la barre de la cour d'assises spéciale de Paris pour expliquer qu'Yvan Colonna avait "le profil" pour appartenir au commando qui a tué le préfet Erignac, sans pouvoir assurer cependant qu'il était bien le tueur. Pour appuyer ses convictions, Bernard Bonnet a expliqué qu'il avait à l'époque de l'enquête un informateur, un "citoyen corse", baptisé "Corte".

Une semaine avant sa déposition devant la cour d'assises spéciale de Paris, Bernard Bonnet avait prévenu qu'il allait exprimer "des doutes" sur la culpabilité d'Yvan Colonna. A la barre, lundi soir, l'ancien préfet de Corse, successeur de Claude Erignac, a eu des propos plus mesurés. D'un côté, Bernard Bonnet estime qu'Yvan Colonna avait bien, selon lui, "le profil" pour faire partie du commando qui a tué le préfet Erignac. De l'autre, il refuse de se prononcer sur le fait de savoir si, au sein de ce commando, c'est bien Yvan Colonna qui était le tueur. Pour étayer ses propos, Bernard Bonnet a présenté à la cour un témoin anonyme : "Corte".

Un "citoyen corse" qu'il refuse de nommer autrement que "Corte" : Bernard Bonnet s'est prévalu du témoignage d'un indicateur pour appuyer ses déclarations, tout en niant avoir mené une enquête parallèle sur le meurtre du préfet Erignac. "Jamais Corte ne m'a dit qui avait tiré sur le préfet Erignac. Les éléments que j'avais il y a neuf ans peuvent être nourris par les éléments suivants : Ferrandi est le chef du commando, connaissait les frères Colonna, avait constitué les groupe 'des anonymes' à partir d'une dissidence du FLNC-Canal historique" s'est contenté d'expliquer le préfet Bonnet.

"Corté n'existe pas. Vous l'avez inventé comme un paravent" à votre enquête personnelle, a répondu l'avocat d'Yvan Colonna, Me Antoine Sollacaro. La défense veut faire valoir que l'enquête parallèle menée par Bernard Bonnet a fait échouer l'enquête officielle. Le préfet Bonnet dit lui ressentir "une blessure qui est celle de savoir que l'assassinat de Claude Erignac ne sera jamais complètement élucidé" tout en se félicitant d'avoir réorienté l'enquête vers les milieux nationalistes grâce à son indicateur. Mais Bernard Bonnet n'a pas pu suivre la totalité de l'enquête, lui-même envoyé en prison après l'affaire rocambolesque de l'incendie des paillotes corses.