Pologne : lourde défaite des jumeaux Kaczynski

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Les quelque 30,5 millions de Polonais appelés aux urnes ont renouvelé dimanche les deux chambres du parlement. Le parti libéral, Plate-forme civique, de Donald Tusk a infligé une lourde défaite aux frères jumeaux conservateurs Kaczynski au pouvoir depuis deux ans dans le pays. Le parti libéral (centre-droit) a fait campagne sur l'amélioration des relations de la Pologne avec ses partenaires européens, l'accélération les réformes économiques et le retrait des forces polonaises d'Irak.

C'est une lourde défaite pour les jumeaux Kaczynski, au pouvoir en Pologne depuis deux ans. Après le dépouillement de 90,8% des bulletins de vote, le parti conservateur Droit et Justice (PiS) du Premier ministre sortant Jaroslaw Kaczynski arrive deuxième, avec 32,04% des voix et 164 sièges à la Diète (chambre basse). Le parti libéral Plateforme civique (PO) de Donald Tusk a obtenu 41,64% des voix, ce qui lui assure 207 sièges sur 460 à la Diète. Ce résultat peut encore changer légèrement en faveur de la PO après le dépouillement des derniers bulletins des grandes villes. Les libéraux ont aussi obtenu dimanche près des deux tiers des 100 sièges au Sénat. Seuls deux autres partis, l'alliance de centre-gauche LiD et le parti paysan PSL, dépassent le seuil de 5% des voix requis pour être représenté à la Diète, en obtenant respectivement 13,17% et 8,8% des voix, soit 52 et 35 sièges. Les anciens alliés du PiS au pouvoir, le parti populiste Autodéfense (Samoobrona) et l'extrême droite ultracatholique de la Ligue des familles polonaise (LPR), ont été balayés du parlement, ayant obtenu respectivement 1,54% et 1,28% des voix.

Le Premier ministre sortant Jaroslaw Kaczynski a reconnu dimanche soir sa défaite et a félicité Donald Tusk. Toutefois, "notre chemin ne s'arrête pas là. Nous passons dans l'opposition et nous constituerons une opposition dure qui demandera des comptes pour toutes les promesses électorales", a-t-il déclaré. Son frère, Lech Kaczynski va lui rester président de la République jusqu'à la fin 2010 mais il va perdre beaucoup d'influence car la réalité du pouvoir est exercée par le gouvernement et non par le président. Le leader de PO, Donald Tusk, qui devrait devenir le prochain Premier ministre de Pologne, a salué le mandat pour le changement que lui ont donné les électeurs. Le PO était le favori des marchés financiers qui attendent de lui des réformes, notamment une réduction de la fiscalité, susceptibles de conduire le pays à l'adoption de l'euro. Le parti avait aussi fait campagne sur l'amélioration des relations de la Pologne avec ses partenaires européens. Donald Tusk et le PO seront aussi probablement moins commode pour les Etats-Unis, ils ont déjà annoncé le retrait des forces polonaises d'Irak.

Ces élections anticipées, considérées comme un référendum sur les deux années de gouvernement des Kaczynski, ont largement mobilisé les électeurs. Le taux de participation a atteint un record pour ce genre de scrutin depuis la fin du communisme en 1989 : 55,34%. Une affluence qui a causé toutefois des perturbations sérieuses dans le scrutin : certains bureaux ont manqué de bulletins de vote, et les opérations de vote ont été prolongées à Varsovie.

La Commission européenne s'est réjouie lundi du résultat des élections législatives en Pologne et a dit s'attendre à une "coopération fructueuse" avec le nouveau gouvernement du parti vainqueur, la Plate-forme civique. Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a salué "l'esprit européen du peuple polonais". Le porte-parole du gouvernement allemand a indiqué que son pays "attache une grande importance aux relations de bon voisinage avec Pologne". Les relations de Berlin avec le gouvernement polonais sortant dirigé par Jaroslaw Kaczynski ont été difficiles, Varsovie accusant Berlin de vouloir dominer l'Europe et de traiter la Pologne en partenaire inférieur dans l'UE et l'OTAN.