Polémique Amara/UMP : Sarkozy demande "à chacun de s'apaiser"

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le secrétaire général de l'UMP Patrick Devedjian accuse Fadela Amara "d'injurier les députés de la majorité". La secrétaire d'Etat à la politique de la ville a jugé "dégueulasse" d'"instrumentaliser l'immigration" avec les tests ADN. Symbole de l'ouverture à gauche voulue par Nicolas Sarkozy, elle a aussi revendiqué "la possibilité de dire ce qu'elle a à dire". A gauche, de nombreuses voix se sont élevées pour conseiller à Fadela Amara de démissionner.

Il y a du rififi entre certains des membres du gouvernement symbole de l'ouverture et l'UMP au sujet du projet de loi sur l'immigration en cours d'examen au Parlement. Dernier couac en date, la sortie de Fadela Amara sur le recours aux tests ADN pour les étrangers candidats au regroupement familial. La secrétaire d'Etat à la politique de la Ville et symbole de l'ouverture à gauche en tant qu'ancienne présidente de l'association "Ni pute, ni soumise" a déclaré mardi matin : "Je le dis aussi en tant que fille d'immigrés : y en a marre qu'on instrumentalise à chaque fois l'immigration, pour des raisons très précises. Je trouve ça dégueulasse !" Et Fadela Amara d'ajouter : "je suis une femme libre, ne l'oubliez jamais".

Des propos qui n'ont pas été du goût de Patrick Devedjian et des parlementaires UMP. Le secrétaire général de l'UMP lui a répondu à l'issue d'une réunion de groupe à l'Assemblée nationale. "Ce n'est pas bien d'injurier les députés de la majorité, c'est-à-dire ceux qui soutiennent le gouvernement", a-t-il déclaré. Interrogé sur le fait de savoir si elle devait démissionner du gouvernement, Patrick Devedjian a répondu : "je ne dis pas ça, je dis que ce n'est pas bien" de tenir de tels propos. Un peu plus tard dans la journée, Fadela Amara a fait de nouvelles déclarations plus modérées estimant qu'il "y a un débat démocratique, c'est normal, heureusement que cela existe. Il faut éviter les polémiques stériles".

Nicolas Sarkozy a remis les pendules à l'heure mardi soir de Moscou. Le chef de l'Etat a demandé "à chacun qu'il veuille bien s'apaiser" dans un entretien accordé à la presse à l'issue d'un dîner, dans la banlieue moscovite, avec Vladimir Poutine. A une question d'un journaliste lui demandant si ce conseil s'appliquait à tous les protagonistes de la polémique, Nicolas Sarkozy a simplement répondu: "à chacun". Brice Hortefeux, le ministre de l'Immigration, a lui demandé d'éviter les caricatures, les excès et les procès stériles, lors des questions d'actualité à l'Assemblée nationale. Brice Hortefeux a rappelé que le gouvernement avait assorti cette disposition de "garanties supplémentaires de transparence, de lisibilité et respect de la personne".

Une commission mixte paritaire Assemblée-Sénat est convoquée pour le 16 octobre afin de mettre au point un texte commun aux deux assemblées qui sera ensuite soumis aux députés et sénateurs les 22 et 23 octobre pour son adoption définitive. Dans la nouvelle version, les tests ADN seront facultatifs, gratuits, décidés par un juge, et ne donneront pas lieu à un fichage génétique. Cette disposition sera "provisoire" et fera l'objet d'un bilan au bout de 18 mois.

A gauche, de nombreuses voix se sont élevées pour conseiller à Fadela Amara de démissionner. André Vallini, porte-parole du groupe PS à l'Assemblée nationale, a estimé que Fadela Amara devait "pousser la logique jusqu'au bout et démissionner" si la mesure n'était pas retirée. L'eurodéputé PS Benoît Hamon a estimé mardi soir qu'elle devait démissionner du gouvernement, ajoutant qu'"il y a le feu dans la majorité".