Plaidoyers pour les accusées à Périgueux

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Administrator User , modifié à
A la veille d'un verdict-clef pour le dossier de l'euthanasie en France, les assises de la Dordogne ont entendu mercredi la famille de la victime et des témoins condamner les poursuites pour "empoisonnement" contre un médecin et une infirmière ayant aidé à mourir en 2003 une malade agonisante. Le verdict est attendu ce soir.

Parents de la défunte et accusées dans le même camp... Tous les membres de la famille de Paulette Druais ont soutenu et même remercié le docteur Laurence Tramois, 35 ans, qui a prescrit le 25 août 2003 une injection mortelle de chlorure de potassium et l'infirmière Chantal Chanel, 40 ans, qui l'a administrée à la mourante. Le fils de cette femme de 65 ans, Laurent Druais, sa belle-fille et deux autres témoins ont assuré que la défunte, atteinte d'un cancer du pancréas en phase terminale, avait demandé explicitement une aide à mourir. "C'est odieux, ce que l'on fait subir à Chantal et Laurence et à toute ma famille. Vous avez devant vous non pas deux accusées, mais deux victimes. Je pense qu'elles n'ont rien à faire ici dans cette salle", a conclu Laurent Druais. Forte de cette journée de témoignages, la défense va plaider l'acquittement des deux accusées alors que les deux avocats généraux entendent demander une déclaration de culpabilité assortie de peines de principe, pour réaffirmer l'interdiction pour un médecin de donner la mort. Hospitalisée depuis le 1er août, Paulette Druais souffrait, malgré des doses massives de morphine, et subissait tremblements, incontinence urinaire, fièvre, escarres, nausées, dépression et angoisse, a expliqué à la cour l'expert médical Bernard Camiade. "J'étais personnellement dans une très grande détresse. Quand ma mère est morte, ça a été un énorme soulagement", a raconté Laurent Druais, dont la compagne, Sophie Tramois, est la soeur du docteur Tramois. Sophie Tramois a confirmé à la barre avoir entendu ce voeu d'aide à mourir, de même que la nièce de la défunte et une infirmière. Selon Sophie Tramois, il existait un accord tacite avec l'équipe médicale pour une euthanasie. Paulette Druais avait remis le 18 août un cadeau d'anniversaire à sa petite-fille, avec une avance d'une semaine, et elle a ensuite demandé à ce que la fillette ne vienne plus la voir à l'hôpital, ont expliqué Laurent Druais et sa compagne. Elle avait choisi les habits qu'elle voulait porter dans sa tombe et avait demandé qu'on la coiffe après sa mort. L'expert, Bernard Camiade, a noté qu'elle avait dit "vouloir aller dans l'au-delà", selon les mots cités dans le dossier médical par des infirmières. Il a estimé que l'injection mortelle n'avait abrégé la vie de Paulette Druais que de quelques heures. Les pompes funèbres étaient prévenues depuis le 22 août. Sophie Tramois et les autres témoins ont déploré que l'enquête judiciaire ait amené l'exhumation de la vieille dame. "Jamais je ne pardonnerai ceux qui ont dénoncé cette affaire. A cause de ces personnes, tout le travail qu'on a fait pour qu'elle soit belle comme elle le demandait a été anéanti", a-t-elle dit, en pleurs. "Depuis, j'arrête pas de faire des cauchemars en pensant au corps de Paulette rapiécé sur une table", a-t-elle ajouté. En l'absence de plainte, c'est un signalement de la direction de l'hôpital qui a amené l'action judiciaire. Elle estimait intolérable que le docteur Tramois ait commandé l'injection mortelle seule, sans être présente lorsqu'elle a été faite, et sans accord explicite de la famille. Ce sont ces points que l'accusation va soulever pour tenter d'obtenir une condamnation de principe.