Passe d'armes entre Kadhafi et l'Elysée sur les droits de l'Homme

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Mouammar Kadhafi et l'Elysée se sont livrés mardi, au deuxième jour de la visite controversée du "guide" libyen en France, à une passe d'armes sur deux sujets hautement sensibles, les droits de l'Homme et le conflit du Darfour. Le dirigeant libyen et Nicolas Sarkozy auront peut-être l'occasion d'accorder leurs violons au cours d'une nouvelle rencontre prévue mercredi après-midi à l'Elysée.

Le pavé dans la mare de Mouammar Kadhafi. Alors que lundi soir à l'Elysée, Nicolas Sarkozy avait assuré avoir abordé avec le dirigeant libyen les droits de l'Homme, question au coeur de la polémique sur sa visite en France, Mouammar Kadhafi a affirmé que la question des droits de l'Homme n'avait pas été évoquée lors de ses entretiens avec le président Nicolas Sarkozy, dans une interview à France 2. "Tout d'abord nous n'avons pas évoqué, moi et le président Sarkozy, ces sujets", a déclaré Mouammar Kadhafi. "Nous sommes des amis assez proches, nous coopérons", a-t-il ajouté, selon la traduction de la chaîne.

Réplique immédiate de l'Elysée : "le président Sarkozy a parlé des droits de l'Homme à Mouammar Kadhafi, à deux reprises, lors de leur entretien puis du dîner" à l'Elysée lundi, a assuré Claude Guéant, secrétaire général de la présidence. Soulignant en avoir été "le témoin", il a indiqué que "Nicolas Sarkozy a évoqué le fonctionnement démocratique et les libertés individuelles en Libye" devant le dirigeant libyen. "Il lui a dit qu'il considérait que des progrès avaient été faits, mais qu'il fallait encore progresser".

Le discours à l'Unescode Kadhafi a été l'occasion d'une nouvelle provocation à l'adresse de l'Europe devant des membres de la communauté africaine. "Avant de parler des droits de l'homme, il faut vérifier que les immigrés bénéficient chez vous de ces droits". "Y-a-t-il certains de vos droits qui ne sont pas appliqués ?", a demandé le dirigeant libyen, en s'adressant à ses "frères africains immigrés" présents. "Nous sommes l'objet d'injustices. Notre continent a été colonisé, nous avons été réduits en esclavage, déplacés dans des navires comme du bétail. Aujourd'hui nous travaillons dans le bâtiment, dans la construction de routes (...). Après tout cela, nous sommes envoyés dans les banlieues et nos droits sont violés par les forces de police."

Autre motif de friction, le conflit du Darfour et le déploiement dans cette province soudanaise et au Tchad voisin de forces internationales. Lors de sa réception à l'Assemblée, Mouammar Kadhafi a en effet critiqué "l'internationalisation du conflit du Darfour". "Si nous laissons les habitants du Darfour se débrouiller eux-mêmes, la crise du Darfour se terminera d'elle-même", a-t-il jugé, selon des propos traduits par un interprète. Evoquant l'aide humanitaire internationale, dont il a assuré qu'il avait facilité l'acheminement en ouvrant ses frontières, il a estimé que "les pauvres souhaitent que la guerre se poursuive pour que l'aide humanitaire se poursuive". Sur ce sujet aussi, la réplique élyséenne ne s'est pas faite attendre. Concernant les réfugiés du Darfour, "la solution ne peut qu'être internationale", a expliqué Claude Guéant. "Il faut bien les aider".