Parité : l'UMP tente de limiter la casse

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Louis Hausalter , modifié à
PAS ASSEZ DE FEMMES - En 2017, les amendes pour non-respect de la parité aux élections législatives seront doublées. En grandes difficultés financières, le parti de Nicolas Sarkozy espère stabiliser l'addition.

La numéro deux de l'UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet, l'a annoncé la semaine dernière : le bureau politique du parti sera désormais élu sur des listes paritaires. La réforme interviendra lors du congrès de l'UMP, le 30 mai prochain, lorsque le bureau politique sera renouvelé. Suffisant pour promouvoir plus de femmes parmi les cadres d'un mouvement encore largement dominé par la gente masculine ? Question parité, l'UMP est en effet sur la corde raide.

Chaque année, le parti de Nicolas Sarkozy devrait normalement toucher environ 24 millions d'euros d'argent public. Mais ce montant est amputé de quatre millions d'euros en raison du non-respect de la loi sur la parité : l'UMP n'a pas présenté autant de femmes que d'hommes aux élections législatives de 2012. Or, la loi sur l'égalité femme-hommes promulguée en août dernier double ces pénalités à partir de 2017. L'UMP, rappelons-le, se débat avec une dette qui frôle les 70 millions d'euros…

Le trésorier tire "la sonnette d'alarme". Le trésorier du parti, Daniel Fasquelle, a récemment adressé à Nicolas Sarkozy une note sur le sujet. "J'ai tiré la sonnette d'alarme", explique-t-il à Europe 1. L'objectif du député du Pas-de-Calais, c'est à tout le moins de stabiliser l'addition. "Il faut faire en sorte que l'on ne soit pas plus gravement pénalisé en 2017", dit-il. "Et si on pouvait faire encore mieux, j'en serais évidemment ravi".

Comment renforcer le poids des femmes parmi les candidates aux législatives ? Pour Virginie Duby-Muller, secrétaire nationale de l'UMP à la parité, l'élection paritaire du bureau politique est "une bonne chose". Mais la députée de Haute-Savoie souhaite aussi rendre paritaire la commission nationale d'investiture (CNI), qui décide de l'attribution de l'étiquette UMP aux candidats. Actuellement, les hommes y sont très majoritaires. "C'est l'un des points de blocages pour les candidatures féminines", estime Virginie Duby-Muller, qui indique que ce point sera tranché le 4 mai.

Aux législatives de 2017, l'UMP compte aussi profiter du fait qu'elle soit minoritaire à l'Assemblée nationale, contrairement à 2012. En effet, moins de députés, c'est moins de sortants à renouveler. Or, 84% des députés UMP sont des hommes. L'occasion rêvée de présenter des femmes dans les circonscriptions actuellement tenues par la gauche. Mais le défi est de taille. "Pour éviter une aggravation des pénalités, il faudrait investir environ 65% de femmes dans les circonscriptions où il n'y a pas de sortant UMP", calcule Daniel Fasquelle.

Le vivier des départementales. Autre problème : comment dénicher les futures candidates ? L'élection de binômes paritaires aux élections départementales de mars pourrait donner un coup de pouce à l'UMP. Du fait de cette nouvelle obligation, les conseils départementaux sont désormais composés d'autant de femmes que d'hommes. Un conseiller de Nicolas Sarkozy confirme que le patron de l'UMP compte bien s'appuyer sur ce nouveau vivier. D'autant qu'aux élections régionales de décembre, les listes de candidats seront également paritaires.

Le pari n'est toutefois pas gagné. Le réticences viennent parfois des femmes elles-mêmes. "Dans l'Ain par exemple, on a quasiment dû forcer des femmes qui avaient été élues aux municipales à être candidates aux départementales", confie un cadre. Pour les législatives, ce sera encore une autre paire de manches. "Le plus compliqué, c'est pour les femmes entre 25 et 40 ans", explique une députée UMP. "Quand on élève des enfants, aller à Paris deux jours par semaine pour siéger à l'Assemblée, ça demande une très bonne organisation".

Machisme. Certaines se plaignent aussi de la persistance de réflexes machistes à l'UMP. Dernier exemple en date : Virginie Calmels, adjointe d'Alain Juppé à la mairie de Bordeaux, souhaite conduire la liste UMP en Aquitaine aux régionales. Mais la commission d'investiture l'a - provisoirement - recalée la semaine dernière. "On ne va pas se retrouver avec Loana dans les rues", aurait lancé Henri Guaino lors de la réunion, selon des propos rapportés par L'Express. Virginie Calmels, ancienne grande prêtresse de la téléréalité, s'est aussitôt indignée sur Twitter de "remarques sexistes ou méprisantes, qui n'honorent personne".

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