Paris : une primaire UMP pour du beurre

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DÉCRYPTAGE- Le retrait de Rachida Dati prive la compétition de tout intérêt.

Un seul être vous manque… En jetant l’éponge, mardi, dans la course à l’investiture UMP pour les élections municipales à Paris en 2014, Rachida Dati a sérieusement compromis l’intérêt de la primaire, qui se réduit désormais à une compétition entre NKM et…les autres (Bournazel, Legaret, Margain, Tieu). Certains doutent même de l’intérêt de son organisation. Europe1.fr aussi, et vous explique pourquoi.

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Parce que l’issue ne fait aucun doute. C’est l’argument avancé par Rachida Dati pour justifier son retrait. "Que l’UMP désigne NKM et commençons la campagne municipale maintenant ! Elle est déjà choisie par les médias et le système, la réalité est celle-là, même si je le regrette pour les autres candidats. Dans ce contexte, je retire ma candidature", a lancé l’ancienne garde des Sceaux dans Le Point. Depuis qu’elle s’est lancée dans la course, la députéE de l’Essonne caracole EN EFFET en tête de tous les sondages, loin devant Rachida Dati. "La seule vérité, c’est qu’elle allait se prendre une tôle et a préféré se retirer tant qu’il était encore temps", persifle un ancien ministre de Sarkozy dans Le Parisien, mercredi.

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Parce que "les primaires, c’est pour les médiocres". La sentence est signée Nicolas Sarkozy. C’est ce que l’ancien président aurait répété à de nombreuses reprises à Rachida Dati, reçue plusieurs fois dans ses bureaux de la rue Mirosmenil, selon Le Canard enchaîné. "Il n’a jamais trouvé que c'était une bonne idée cette histoire de primaire. Il l'a dit à Nathalie comme il me l'a dit", a confirmé son ancienne protégée, mercredi matin, sur RTL. Pour Nicolas Sarkozy, il ne faut pas habituer les électeurs de droite à cette procédure, qui ne s’impose qu’en cas d’absence de leader. Une autre façon de dire que lui se passerait bien de l'exercice en cas de retour en 2017...

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Parce que ça va coûter cher. Depuis sa défaite aux élections législatives, l’UMP est exsangue. L’heure est à l’austérité. Les futurs votants devront d’ailleurs débourser trois euros, alors même que le vote sera électronique. "Il y aura des débats télévisés, mais il n'y aura pas de meeting, c'est trop coûteux", a ainsi prévenu Philippe Goujon, président de la fédération UMP de Paris. Le chiffre de 100.000 euros est avancé mais ils sont nombreux à juger l’estimation trop faible. Pour rentrer dans ses frais, l’UMP aura besoin d’un minimum de 50.000 votants. Une gageure alors que l’identité du vainqueur ne fait aucun doute pour personne.

Nathalie Kosciusko-Morizet

© Reuters

Parce que la participation s’annonce faible. Pour assoir sa crédibilité, Nathalie Kosciusko-Morizet espère que 50.000 parisiens se déplaceront pour choisir leur champion(ne).  Sans l’ancienne chouchou du sarkozysme, certains barons locaux craignent un bide à… 5.000 votants. "Rachida était une personnalité qui pouvait attirer les médias et donc les votants. S’il y a moins d’enjeu, il y aura moins de participation. Est-ce bien utile de maintenir le scrutin", s’interroge même un de ses barons dans Le Parisien. Début avril, Rachida Dati avait bien conscience du poids de sa présence sur la ligne de départ. Et donc des conséquences de son retrait. "Nathalie a besoin de moi. Je signe des autographes, pas elle. Si je me retire, il n’y aura pas d’enjeu, personne n’ira voter."

Copé et Fillon 930620

Parce que c’est risquer la désunion. Si la primaire socialiste avait donné envie à nombre de cadres UMP, la procédure n’est pas dans l’ADN de la droite républicaine, qui a toujours vécu dans le culte du chef, du leader naturel. Jean-François Copé a longtemps plaidé contre, avant de céder… et de se féliciter sans le dire de l’abandon de Rachida Dati, qui privera NKM - qu’il craint dans l‘optique de 2017 – d’un élan démocratique fort. Nicolas Sarkozy n’y pas favorable non plus. Et personne n’a oublié le précédent exercice de démocratie interne, qui a vu l’UMP aux portes de l’implosion sous l’effet de la guerre Copé-Fillon.