Pakistan : la Mosquée est désormais rouge... sang

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
L'armée pakistanaise a annoncé hier avoir pris le contrôle de la Mosquée rouge d'Islamabad après deux jours d'assaut violents. 73 militants islamistes auraient été tués au cours de cette attaque, selon un bilan provisoire de l'armée. Mais on ignore encore combien de victimes figurent parmi les femmes et les enfants retenus sur place. Ce siège est un sérieux revers pour la politique anti-terroriste du président Musharraf.

L'assaut contre la Mosquée rouge d'Islamabad au Pakistan aura duré presque deux jours avec des échanges de tirs d'une rare violence. L'armée pakistanaise a finalement annoncé hier avoir entièrement sécurisé la zone après avoir bataillé toute la journée de mercredi contre des "poches de résistance". Mais nombre de questions demeurent sans réponse. On ignore encore combien de personnes ont réellement perdu la vie dans cette opération à la fois parmi les étudiants islamistes qui tenaient le siège, au sein des forces de sécurité mais aussi parmi les civils retenus dans l'enceinte religieuse. Interrogé sur d'éventuelles victimes parmi les femmes et les enfants qui s'étaient trouvés dans le complexe, un responsable de l'armée pakistanaise a simplement répondu : "Pas à ma connaissance. Il n'y a pas eu de femmes et d'enfants tués. C'était l'un des principaux points de notre stratégie - procéder pas à pas, pour éviter que des femmes et des enfants ne soient tués." Mais selon un témoin présent à l'intérieur de la Mosquée rouge d'Islamabad, il y aurait des cadavres "partout" dans les sous-sols. L'armée ne sait même pas en fait combien de civils se trouvaient ainsi à l'intérieur de la Mosquée rouge, peut-être plusieurs centaines que les insurgés menaçaient d'utiliser comme des boucliers humains. Neuf corps carbonisés ne peuvent pas être identifiés. Selon les autorités, on dénombre 73 morts dans les rangs des insurgés cette fois. Mais le bilan est encore provisoire. Une cinquantaine d'étudiants se seraient aussi rendus. Mardi, les extrémistes ont subi un sérieux revers avec la mort d'Abdul Rashid Ghazi, leur leader. Ghazi avait réaffirmé dimanche sa volonté de mourir en "martyr" plutôt que de se rendre. Avant cet assaut, au moins 21 personnes avaient perdu la vie durant le siège de la Mosquée rouge. Les forces de sécurité auraient quant à elles perdu neuf hommes au moins. La Mosquée rouge d'Islamabad est connue au Pakistan pour être un bastion d'activistes depuis plusieurs années. Ils soutiennent les talibans afghans et sont opposés au rapprochement du président Pervez Musharraf avec les Etats-Unis. Ce siège de plus d'une semaine est donc un revers sérieux pour sa politique anti-terroriste. Les partis d'opposition craignent même que l'assaut lancé contre la Mosquée rouge ne fasse que renforcer les plus extrémistes. La réaction d'Al Qaïda ne s'est d'ailleurs pas fait attendre. Le numéro deux de la nébuleuse islamiste a exhorté les Pakistanais à se "révolter" contre leur président dans un enregistrement sonore diffusé sur internet. "Ce crime peut seulement être lavé par le repentir ou par le sang", a-t-il expliqué avant de préciser "votre salut ne passe que par le djihad (la guerre sainte). Vous devez maintenant soutenir les moudjahidine en Afghanistan".