Pakistan : des élections auront bien lieu selon Pervez Musharraf

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Proclamation de l'état d'urgence et éviction du président de la Cour suprême : le président pakistanais Pervez Musharraf, qui est arrivé au pouvoir par un coup de force en 1999, semble vouloir de nouveau remettre au pas tous ceux qui le critiquent, alors que son autorité chancelait depuis plusieurs mois. Lui et son premier ministre ont pourtant promis que des élections auraient bien lieu. Mais la communauté internationale s'inquiète

Les élections législatives sont maintenues. C'est le signe de bonne volonté affiché ce lundi coup sur coup par le Premier ministre pakistanais puis par Pervez Musharraf lui-même. "Les prochaines élections législatives et provinciales auront lieu selon le programme prévu", a expliqué Shaukat Aziz. Sans pour autant donner plus de détail. Ces élections seront organisées à une date la plus proche possible de mi-janvier a expliqué de son côté le président pakistanais quelques heures plus tard lundi. Dimanche, au lendemain de l'instauration de l'état d'urgence par le président Pervez Musharraf, le Premier ministre avait déclaré que le processus électoral risquait d'être retardé.

"Le Pakistan doit renoncer à l'état d'urgence" : la secrétaire d'Etat américaine, qui reste une alliée du Pakistan, a pourtant pris position sans détour face aux derniers développements au Pakistan. Même si Pervez Musharraf reste un allié des Etats-Unis, Condoleezza Rice a également demandé que des élections soient organisées au Pakistan en janvier prochain. Enfin, elle a exigé du président Pervez Musharraf qu'il quitte son poste à la tête de l'armée pour ne plus mélanger les pouvoirs.

D'autres protestations sont venues des quatre coins de la planète. La Grande-Bretagne a appelé à un retour au "processus démocratique et constitutionnel normal" au Pakistan et le maintien des élections législatives en janvier. Les Pays-Bas ont annoncé la suspension de leur aide financière au Pakistan. En France, le PS a demandé "le rétablissement immédiat de la Constitution".

Dès samedi, les avocats du barreau de la Cour suprême à Islamabad ont appelé à une grève générale ce lundi, à la suite d'une vague de quelque 1.500 arrestations au cours du week-end d'opposants, militants des droits de l'Homme et avocats. Résultat: à Karachi, la capitale économique du sud du Pakistan, des policiers et des paramilitaires ont bouclé les abords de la Haute cour de justice et ont chargé des avocats rassemblés devant le bâtiment. Une cinquantaine d'interpellations. A Rawalpindi, ville de garnison à 15 km d'Islamabad, cinq avocats ont été "frappés sans pitié" alors qu'ils scandaient des slogans hostiles au gouvernement devant un tribunal.

"Tout ce à quoi à nous assistons est illégal, anticonstitutionnel et contraire aux arrêts de la Cour suprême", a déclaré au journal The News, le juge Chaudhry, évincé samedi de la présidence de la Cour suprême. Véritable épine au flanc du régime Musharraf, le juge avait déjà été suspendu en mars par le chef de l'Etat puis rétabli dans ses fonctions en juillet après des manifestations de soutien. Il devait se prononcer dans quelques jours sur la validité de la récente réélection du président. Musharraf n'a, semble-t-il, pas voulu prendre de risques.

L'ex-Premier ministre Benazir Bhutto, qui négociait jusqu'ici un partage du pouvoir avec le général, a dénoncé un "second coup d'Etat" après celui sans violences d'octobre 1999. Elle n'a toutefois pas exclu un accord avec lui s'il "rétablit la Constitution et (...) organise des élections libres, justes et impartiales".