Nicolas Sarkozy retarde la réforme des universités

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
L'examen de la réforme des universités n'aura pas lieu dès mercredi en conseil des ministres comme prévu. Nicolas Sarkozy, qui rencontre cette semaine les présidents d'universités, les professeurs et les étudiants, a dit préférer attendre la fin de ces concertations. Le texte a provoqué une levée de bouclier de la quasi-totalité de communauté universitaire.

Nicolas Sarkozy semble donc jouer la carte de la concertation alors qu'il avait prévenu la semaine dernière qu'il ne ferait pas marche arrière sur le texte de la réforme des universités. Il faut dire que le blocage semblait imminent. Vendredi, la réunion du Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche, qui regroupe tous les acteurs de l'université, a duré pas moins de huit heures avant que le groupe ne présente une motion "contre" le projet de réforme. Nicolas Sarkozy a reçu lundi la Conférence des présidents d'université (CPU). A la sortie de leur entretien, les trois vice-présidents de la CPU ont approuvé l'idée d'autonomie. Mais ils ont dit souhaité qu'à terme tous les établissements en bénéficient. Le texte évoque actuellement une base de volontariat. La CPU souhaite aussi que la centaine d'universités françaises puissent y accéder dans un délai de cinq ans environ. Pour ce qui est de la composition des conseils d'administration, la CPU suggère qu'elle passe de 20 membres aujourd'hui à une fourchette allant de 20 à 30 personnes selon la taille des universités et leur composition. Nicolas Sarkozy doit recevoir mardi les fédérations de personnels et d'enseignants-chercheurs puis des organisations étudiantes pour faire le point sur ce projet. Une concertation menée en présence du Premier ministre, François Fillon, et de la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse. Devant les critiques et les réticences, le projet de réforme des universités devait être présenté dès mercredi en conseil des ministres a finalement été reporté. "Le présenter mercredi au conseil d'Etat, ça aurait montré que Nicolas Sarkozy ne tirait pas les conclusions de la phase de concertation qu'il a entendu mener lui-même", a expliqué le porte-parole de l'Elysée, David Martinon. Il ne le sera vraisemblablement que le 4 juillet, après avoir été présenté au Conseil d'Etat. Ce délai supplémentaire doit, selon l'Elysée, "permettre aux arbitrages d'aller à leur terme". "L'objectif c'est d'avoir bien en tête tous les tenants et les aboutissants de la réforme pour arbitrer au besoin s'il y a des réticences, ou s'il y a des points à approfondir", a poursuivi David Martinon. Les deux points centraux qui pourraient être amendés sont l'autonomie des universités qui devrait être obligatoire et pas facultative, avec le risque de créer un système à deux vitesses, et la diminution du nombre de places dans les conseils d'administrations qui pourrait être modulée au cas par cas. "On ne peut pas dire sur quels points le texte va bouger, mais on a eu un vrai sentiment d'écoute, d'échange sur le fonctionnement des universités", a ainsi déclaré à sa sortie le vice-président de la Conférence des présidents d'université Michel Lussault. L'Unef s'est elle félicitée du report de l'examen de cette réforme. Le principal syndicat étudiant, qui doit aussi être reçu à l'Elysée mardi, avec les syndicats d'enseignants, de personnels et les autres organisations étudiantes, a estimé que le gouvernement avait "pris toute la mesure de l'impasse dans laquelle il s'engageait". La Fédération syndicale unitaire (FSU) et le SNESUP-FSU se félicitent de ce que "la protestation (...) ait pu être un tant soit peu entendue" et souhaitent que ce report permette de lancer "une véritable concertation et de mettre en chantier un tout autre projet de loi". La Fage a critiqué pour sa part "un texte qui remet en cause les fondements de nos universités".