Nicolas Sarkozy pour l'abrogation de la loi Taubira

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avec AFP , modifié à
MARIAGE HOMO - L'ex-président de la République, candidat à la présidence de l'UMP, a clarifié sa position sur la loi Taubira, à l'occasion d'un meeting organisé par Sens commun. 

"La loi Taubira devra être réécrite de fond en comble, abrogée pour en faire une autre". Le mot est lâché : pour la première fois samedi, Nicolas Sarkozy s’est déclaré favorable à l’abrogation de la loi sur le mariage pour tous. L’ex-président de la République, actuel candidat à la présidence de l’UMP participait à un meeting du collectif Sens commun. Les trois candidats de l'UMP devaient passer leur "grand oral" devant ce mouvement associé né de la manif pour tous. Bruno Le Maire, Hervé Mariton puis Nicolas Sarkozy ont été invités à venir exposer leur vision sur l'avenir de leur parti et leur position sur le mariage pour tous. 

Abrogation mais toujours un mariage homo. Après cette déclaration, Nicolas Sarkozy, qui s'exprimait devant environ 3.000 personnes, a été interrompu par de très nombreux participants qui scandaient "Abrogation ! Abrogation !" tandis que d'autres le huaient. "Si vous préférez qu'on dise (qu'il faut) abroger la loi Taubira pour en faire une autre... En français, ça veut dire la même chose... Ca aboutit au même résultat. Mais enfin, si ça vous fait plaisir, franchement, ça coûte pas très cher", a-t-il fini par lancer, chahuté également quand il s'est prononcé pour un "mariage" pour les homosexuels. En 2007, il avait promis une union civile sans jamais la mettre en œuvre. "Ça ne sert à rien qu'on soit contre la GPA (gestation pour autrui) si on n'abroge pas la loi Taubira", a-t-il dit un peu plus tard, déclenchant dès lors de forts applaudissements.

Le droit à l’enfant, "une folie". L'ancien président, qui souhaite qu'il y ait deux "mariages" distincts célébrés en mairie - le mariage classique pour les hétérosexuels et une union spécifique pour les homosexuels - a également été très applaudi quand il a affirmé que le droit à l'enfant était "une folie". "Il n'y a pas de droit à l'enfant, il y a désir d'enfant", a-t-il ainsi clamé.

Le Maire hué, Mariton acclamé. Avant lui, à la tribune, Bruno Le Maire, qui s'est abstenu sur la loi Taubira, s'était fait huer pour avoir maintenu son opposition à une abrogation du texte: "Nous ne reviendrons pas, nous la droite républicaine, sur le mariage homosexuel".

A l'inverse, Hervé Mariton a eu droit à un tonnerre d'applaudissements pour avoir lancé: "abrogation de la loi". "Ce qu'une loi a fait, une loi peut le défaire", a déclaré le député de la Drôme, qui a accusé Nicolas Sarkozy de ne pas être "clair" sur ce sujet.

Les trois candidats ont pris la parole à tour de rôle, sans jamais se croiser ni, a fortiori, débattre, au grand dam de Bruno Le Maire et Hervé Mariton. Les organisateurs voulaient avant tout entendre ce qu'ils comptaient faire du mariage homosexuel. Frigide Barjot, un temps égérie de la Manif pour tous, était assise au premier rang.

"Déclarations d’intentions" pour les antis, "Effet d'annonce" pour les pros.  "Ne soyons pas dupes, il ne s'agit encore que de déclarations d'intention", a réagi samedi soir La Manif pour tous après la "conversion" de Nicolas Sarkozy. "Il faut relativiser cette déclaration, ce n'est qu'un effet d'annonce (...) Il n'y a jamais eu de retour en arrière sur une réforme de société", a réagi de son côté Amandine Miguel, porte-parole de l'Inter-LGBT, qui regroupe plusieurs associations de défense des droits des gays, lesbiennes, bi et trans.