Nicolas Hulot, le syndrome de l’aventurier

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Marion Sauveur , modifié à
PORTRAIT - L’écologiste le plus médiatique se lance dans la course à la présidentielle.

Nicolas Hulot est un aventurier. A défaut de parcourir le monde entier, l’écologiste s'est choisi une nouvelle odyssée : la présidentielle. A 56 ans, il met ainsi sa combinaison de plongée et ses jeans au placard et enfile son costume de candidat. Après s'être rendu aux quatre coins de la planète, le charismatique animateur de TF1 se tourne ainsi vers la politique. Mais ce n’est pas un hasard.

L’écologie de front

Depuis son arrivée sur le petit écran français il y a plus de 20 ans, Nicolas Hulot ne cesse de rappeler son engagement pour la planète. Que ce soit dans un ULM ou sur un banc de sable. Face caméra, l’animateur d’Ushuaïa, le magazine de l’extrême assure au fil de ses émissions "privilégier le beau plutôt que le laid". La raison ? L’homme à la coupe de cheveux insensible à la mode veut que chacun prenne conscience de ce que "nous risquons de sacrifier".

Un combat qu’il mène avec la même fougue lorsqu’il lance en 2006 son Pacte écologique, composé de 10 objectifs et de 5 propositions concrètes pour sauver la planète. Un texte qu’il défend à bras le corps. Objectif : que chaque politique en lice pour la présidentielle de 2007 signe cette charte. Une manière pour Nicolas Hulot de mettre un pas dans la politique. Et de reculer aussitôt, lorsqu’il renonce finalement à se porter candidat.

Ce désistement n'est pas son premier en politique. Icône de l’environnement, Nicolas Hulot a refusé à deux reprises un poste de ministre que lui proposait Jacques Chirac, un fan d’Ushuaïa. Ensemble, ils collaborent tout de même pour mettre en place la Charte de l’environnement intégrée à la Constitution. Nicolas Hulot se contente alors d'être un homme d’influence au service de la planète.

Ecologiste indépendant

Et pourtant, nombreux sont les écologistes qui le décrient. Passionné de moto, il est critiqué pour avoir participé à plusieurs Paris-Dakar. Mais pas seulement. Nicolas Hulot est également blâmé au lancement de sa Fondation, en 1990, pour sensibiliser les enfants à la nature. La faute à ses choix budgétaires : pour financer son projet, il se tourne vers des icônes industrielles, L’Oréal et EDF entre autres. Des entreprises trop éloignées de l’écologie pour ses détracteurs.

Ces critiques n’entachent pas pour autant l’image de Nicolas Hulot. La star du petit écran est adulée. L’animateur casse-cou mille fois parodié apparaît sans cesse dans les classements des animateurs préférés des Français. Et ce, bien qu’il soit quasiment inconnu hors de l'Hexagone.

Cette notoriété lui assure de confortables revenus. Le nom Ushuaïa est utilisé via des produits dérivés. Le Canard enchaîné affirme que ces revenus indirects permettent à Nicolas Hulot de doubler le salaire que lui verse TF1 pour ses émissions, soit 33.000 euros mensuels.

Depuis la dernière présidentielle, Nicolas Hulot est même cité comme l’un des politiques les plus appréciés des Français. C’est peut-être ce qui l’a poussé en 2009 à se lancer dans le grand bain en participant aux élections européennes avec Europe Ecologie.

Breton d’adoption

Nicolas Hulot n'est pourtant pas "né écologiste". Il le confie : "Je le suis devenu". Après son bac, ce fils d’un chercheur d’or et d’une responsable d’une maison de santé est devenu photo-reporter chez Sipa, après quelques mois passés en fac de médecine. Nicolas Hulot s'est ensuite essayé au micro, en devenant chroniqueur moto sur France Inter, avant d'être porté sur le petit-écran, avec son casque micro.

Décrit comme sensible mais coléreux par ses proches, Nicolas Hulot a été marqué par le suicide de son frère quatre ans après la mort de son père. Il n’avait alors que 15 ans. C’est à cette époque que, lors de vacances en famille, Nicolas Hulot a découvert la Bretagne. Région qu’il a depuis adoptée. L’écologiste renommé a choisi une petite bourgade attachée à Dinard, près de Saint-Malo, pour s’implanter avec sa femme et ses deux enfants

En devenant candidat à la présidentielle de 2012, Nicolas Hulot va devoir abandonner le kite-surf - un sport nautique qui consiste à se laisser glisser en étant tracté par une voile - dont il est devenu grand amateur sur la Côte d’Emeraude. Un premier défi pour Nicolas Hulot. Et l'écologiste devra aussi participer à des meetings jusque tard dans la nuit. Nouveau challenge pour le "Commandant Couche-tôt", surnommé ainsi par ses copains.