Neuf Afghans expulsés vers Kaboul

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Eric Besson a confirmé mercredi matin l'expulsion de France de neuf Afghans, dans une déclaration à la sortie du Conseil des ministres.

Neuf Afghans ont été expulsés de France, mardi soir, à bord d'un avion britannique vers Kaboul, a confirmé le ministre de l'Immigration Eric Besson, à la sortie du Conseil des ministres. A Kaboul, un responsable d'une ONG allemande, AGEF, chargée de les accueillir et de leur réinsertion, a confirmé l'arrivée de ces neuf Afghans "tous venus de France".

"Je suis arrivé là-bas (en France) il y a six mois, puis j'ai été arrêté un jour. J'ai passé 13 jours dans un centre de rétention et ils m'ont expulsé", a déclaré l'un d'eux, prénommé Waheedullah, originaire de la province de la Kunar dans l'est du pays, un des bastions des insurgés talibans. "J'avais beaucoup de problèmes en Afghanistan avec les talibans, j'ai une rivalité personnelle avec eux, je ne peux pas rentrer, je ne peux pas rentrer !", a-t-il lancé, ajoutant : "J'ai dépensé 12.000 euros pour aller là-bas", en France.

Selon la Cimade, seule association autorisée à se rendre dans les centres de rétention pour les étrangers sans papiers en France, les neuf hommes, âgés de 20 à 30 ans, viennent de zones encore bombardées récemment par la coalition qui veut étouffer la résistance des talibans.

Ces hommes "ont fui les combats pour ne pas être engagés de force chez les talibans", raconte Thierry Flesch, de la Cimade Nord-Pas-de-Calais. Il redoute pour eux une "exécution sommaire" :

 

 

Conscient de la sensibilité du sujet, François Fillon a justifié ces renvois vers l'Afghanistan devant les députés UMP en mettant en avant l'engagement pris auprès des Britanniques" de "ne pas laisser Sangatte se reconstruire". Nicolas Sarkozy est également intervenu publiquement pour apporter un "soutien très appuyé" à son ministre de l'Immigration, "objet d'attaques sans pareil" de la gauche.

Le porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Alain Vidalies, a lui confirmé l'intention de son groupe de déposer une proposition de résolution demandant la mise en oeuvre d'une "protection temporaire" des Afghans réfugiés en France et dans les autres pays de l'Union européenne. Mais il a reconnu que si cette résolution était votée, le gouvernement français n'était pas obligé d'en tenir compte. Reste que même au sein de la majorité, plusieurs voix se sont élevées, comme celle de Françoise Hostalier, qui s'est déclarée "prête" à soutenir la proposition socialiste.

Une polémique pourrait naître surla légalité de ces expulsions. L'ambassade d'Afghanistan en France a confirmé mercredi une information qu'Europe 1 révélait mardi : les neuf migrants expulsés n'ont pas reçu des autorités de Kaboul les laissez-passer indispensables à leur retour, car ils étaient renvoyés contre leur gré. Paris a alors établi des laisser-passer européens pour permettre juridiquement les retours forcés. Or, "il n'y a pas d'accord entre Paris et Kaboul permettant un laissez-passer européen", a confirmé mercredi l'ambassade d'Afghanistan. Eric Besson, invité d'Europe 1 mardi soir, n'a pas commenté cette information.

Trois Afghans arrêtés lors dudémantèlement de la "jungle" de Calaisavaient été expulsés vers Kaboul le 21 octobre. Une décision qui avait provoqué une vive polémique en raison de la guerre en Afghanistan. Quelques jours plus tard, Eric Besson avait prévenu que les "retours groupés" continueraient mais avec des "précautions".

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