Murdoch veut redorer son image avec le Wall Street Journal

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le magnat des médias Rupert Murdoch a racheté mercredi pour plus de 5 milliards de dollars, le groupe Dow Jones, propriété de la famille Bancroft, qui comprend notamment le Wall Street Journal. Une transaction obtenue après trois mois de négociations. Avec le Wall Street, Rupert Murdoch annexe dans son empire un journal historique et prestigieux. Les employés du quotidien sont partagés sur ce rachat qui pourrait porter atteinte à la pluralité des médias aux Etats-Unis.

Il aura bataillé plus de trois mois pour convaincre tous les membres de la famille Bancroft de céder le groupe Dow Jones, qui comprend une pépite : le Wall Street Journal. Rupert Murdoch, le magnat des médias, a finalement confirmé mercredi le rachat de ce titre américain très prestigieux. Montant de l'investissement : 5 milliards d'euros. Avec le Wall Street, Murdoch met un pied dans la presse américaine et redore son blason dans le domaine des médias. L'empire Murdoch, baptisé News Corp, contient 175 journaux à travers le monde. Mais pour l'instant il est surtout présent dans la presse écrite au Royaume-Uni et en Australie, avec quelques tabloïds jugés peu fiables comme The Sun. Le rachat du Wall Street Journal va permettre un déploiement du groupe aux Etats-Unis, où il possède déjà le quotidien New York Post mais aussi la chaîne de télévision Fox News, jugée toujours très partisane et fidèle à George Bush. A contrario le Wall Street Journal, créé il y a plus d'un siècle, est un titre prestigieux, qui fait la pluie et le beau temps des milieux financiers du monde entier. Une partie de la famille Bancroft, les anciens propriétaires, rechignaient à vendre leur journal en raison des menaces qui pèsent sur l'intégrité des publications de Dow Jones rachetées par un groupe d'information généraliste et de divertissement. Pour le sénateur démocrate Chris Dodd, "il sera très difficile pour le journal de proposer des reportages justes et équilibrés sous la pression du conglomérat géant des médias". Norman Pearlstine, un ancien rédacteur en chef du quotidien, estime au contraire que "Rupert Murdoch comprendra que pour être accepté par le Wall Street Journal, il devra protéger l'indépendance éditoriale que le monde des affaires attend de ce quotidien". Ces derniers mois, la rédaction assurait, sous couvert d'anonymat, que l'intégrité éditoriale souffrirait d'un rachat de Rupert Murdoch. "Les lecteurs peuvent être assurés que les mêmes critères de vérification des faits, d'impartialité et d'autorité éditoriale seront de rigueur, indépendamment du propriétaire du titre", a écrit mercredi dans le "Journal" le directeur de la publication, Gordon Crovitz. L'acquisition de Dow Jones intervient à point nommé pour Rupert Murdoch qui va lancer à la mi-octobre sa propre chaîne de télévision financière et veut développer la présence du Wall Street Journal en Europe et en Asie, pour mieux rivaliser avec le Financial Times.