Mélenchon et Valls : des chiffres, un clash

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avec AFP , modifié à
POLÉMIQUE - Les chiffres de la manifestation de dimanche sèment la discorde.

Les faits. Dimanche s’est tenue à Paris la manifestation rêvée comme une démonstration de force par Jean-Luc Mélenchon. Objectif : abattre la 5e République et proclamer la 6e. Le leader du Front de gauche espérait au moins "100.000" personnes dans les rues. Il en a revendiqué 180.000, photos à l’appui.

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La préfecture de police, qui avait pourtant annoncé quelques heures plus tôt qu’elle ne dévoilerait pas le fruit de son comptage, a une estimation nettement inférieure - 30.000 -, ce qui agace beaucoup les troupes de Jean-Luc Mélenchon. François Delapierre, secrétaire national du Parti de gauche, s'est d'ailleurs ému de cette décision, mais "peut-être que Valls saurait expliquer pourquoi la préfecture annonce ne pas compter (...) et finit par produire un chiffre", s'est-il demandé sur France Inter. "Nous avons convenu avec le préfet de police qu'il fallait donner ces chiffres. Sinon ils auraient été donnés, comme c'est souvent le cas, "en off", comme on dit et cela aurait suscité une polémique. Il valait mieux avoir les chiffres officiels de la préfecture de Paris", lui a rétorqué Manuel Valls sur France Inter, lundi matin, pour justifier la volte face de la préfecture.

"Monsieur Valls ne saurait il pas compter ?" Entre le leader de l’extrême gauche et le ministre le plus "à droite" du gouvernement, les divergences politiques sont forcément nombreuses. Alors quand il a entendu les chiffres officiels, le sang de "Meluch" n’a fait qu’un tour. C’est "une ridicule provocation d'un ignorant  qui ne connaît même pas la contenance des places et rues de Paris", a-t-il déclaré. Pour lui, Manuel "Valls est aux abois" et "son chiffrage ajoute à son naufrage politique". Un "naufrage" tout relatif quand on sait que le ministre de l’Intérieur est la personnalité politique préférée des Français…

"Mélenchon, c'est la gauche du remord". Dès dimanche soir, Manuel Valls a répondu sur RTL aux accusations des mélenchonistes, accusés de "mettre du désordre, dans notre pays alors que nous devons tous être concentrés (...) vers le seul objectif : redresser le pays, son économie, ses finances publiques". Le ministre de l’Intérieur aurait pu s’arrêter là, et laisser Jean-Luc Mélenchon s’époumoner dans une guerre des chiffres. Mais non, Manuel Valls a également, sans le dire, tenu à rejeter l’idée d’une entrée au gouvernement de son ancien camarade. Déjà Premier ministre ? "Il y a un élément qui compte dans l'action d'un gouvernement, c'est la cohérence, c'est la solidité (...)", a-t-il fait valoir. Or, "Mélenchon, c'est au fond la gauche du remord, celle qui se refuse à supporter le poids du pouvoir, une gauche allégée de l'exercice du pouvoir, du poids des responsabilités", a-t-il taclé.

Manuel Valls "La violence est enracinée dans la...par franceinter

Un autre comptage est-il possible ? Oui, assure le ministre de l’Intérieur, qui ne ferme pas la porte à un organisme indépendant. "Pourquoi pas?  Nicolas Sarkozy l'avait proposé, il ne l'avait pas fait... En attendant, le travail est fait avec un très grand professionnalisme", assure-t-il. En attendant une éventuelle évolution des choses, le Parti de gauche a détaillé SES calculs dans un communiqué s'adressant à Manuel Valls. "Quand il y a 4 personnes au m² sur la Bastille puis 3 au m² sur la totalité du parcours et 2 au m² sur Nation ça fait 182.895 ( Bastille : 58.000 + rue de Lyon 13.350 + avenue Daumesnil 30.600 + Boulevard Diderot 45.945 + Nation 35.000 = 182.895 personnes".  Le compte est bon ?