Marine Le Pen, "copie conforme de son père"

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avec AFP , modifié à
Ses attaques contre les "prières de rue des musulmans" sont fortement dénoncées.

Grande favorite pour succéder à son père à la tête du FN, Marine Le Pen a renoué avec les polémiques, marque de fabrique du chef frontiste.

En pleine campagne interne pour la présidence du Front national, vendredi soir à Lyon, Marine Le Pen a abandonné son discours moins provocateur et moins centré sur l'immigration et l'islam que celui de son père, pour évoquer "les prières de rue" des musulmans.

Une "occupation du territoire"

"Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde guerre mondiale, s'il s'agit de parler d'occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça c'est une occupation du territoire", a-t-elle dit. "C'est une occupation de pans du territoire, des quartiers dans lesquels la loi religieuse s'applique, c'est une occupation. Certes il n'y a pas de blindés, il n'y a pas de soldats, mais c'est une occupation tout de même et elle pèse sur les habitants", a poursuivi Marine Le Pen dans le fief de son concurrent, Bruno Gollnisch.

Des propos totalement maîtrisés, selon le politologue Roland Cayrol :

Dès samedi, les réactions se sont multipliées dans la classe politique à gauche comme à droite pour condamner les propos de la benjamine des trois filles de Jean-Marie Le Pen, sur le thème : "Elle est comme son père !". "Voici le vrai visage de l'extrême-droite française qui n'a changé en rien et Marine Le Pen est aujourd'hui aussi dangereuse que Jean-Marie Le Pen", a réagi le porte-parole du PS, Benoît Hamon, qui a crié à "l'insulte", en rappelant que l'extrême droite avait collaboré avec l'occupant.

"C'est son père !"

"Choquée", la patronne du PS, Martine Aubry, a jugé que "Marine Le Pen repren(ait) les accents de son père dans des buts purement clientélistes et en renvoyant aux marges de notre République des hommes et des femmes qui ont toute leur place".

"Marine Le Pen, c'est son père ! Il faut arrêter de se mentir, c'est exactement la même personnalité que celle de son père", les "mêmes techniques", les "mêmes amalgames" et "les mêmes propos", s'est indigné le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé.

Pour Cécile Duflot (Europe Ecologie-Les Verts), Marine Le Pen "n'est pas plus light que son père", elle "attise les peurs et les haines" et "utilise des ressorts racistes". Le numéro un du PCF, Pierre Laurent, a demandé "la condamnation des propos injurieux et racistes". Une éventualité repoussée par Michel Mercier (Justice) qui a plaidé pour "un combat politique contre le FN".

"Le naturel revient au galop et on voit bien que derrière une façade peut-être plus respectable au début, il y a réellement un fond de xénophobie qui s'exprime", s'est ému le député UMP Jean-François Lamour, tandis que le ministre UMP de l'Education, Luc Chatel y voyait la démonstration que Marine était la "copie conforme de son père".

"Le mot d'occupation a une résonnance terrible en France. Et celui qui vous parle, il l’a vue, l’occupation. Et il sait ce que signife ce mot. Le terme même est atroce par l'image qu'il suscite", a pour sa part lâché Robert Badinter sur Europe 1. "Ce sont des propos désolants, faits pour nourrir la haine."

Royal n'entre pas dans la polémique

Quant à Ségolène Royal, elle n'a pas souhaité renter dans le débat dimanche, lors du Grand Rendez-vous Europe 1- Aujourd'hui en France. Sans citer le nom de Marine Le Pen, elle a expliqué s'inquiéter "surtout de voir ce sujet être mis au cœur du débat politique français, ce que recherche exactement la personne que vous venez de citer". "La politique, telle que je la conçois, c’est ne pas se laisser balloter au gré des sujets d’actualité et certainement pas de jouer le jeu de celles et ceux qui font volontairement des provocations pour être volontairement le centre du débat politique", a-t-elle précisé.

Des propos assumés

Marine Le Pen a néanmoins assumé ses propos. "L'UMP, le PS, les Verts, ce sont eux qui montrent leur vrai visage, celui des fossoyeurs de la République française". "Moi, a-t-elle dit, je mets le doigt où ça fait mal. Et cette vérité renvoie la classe politique à ses renoncements, à son aveuglement, à sa lâcheté".

Et pour son père, Jean-Marie Le Pen, les propos de sa fille sont logiques :

Le Mrap va porter plainte

Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) a annoncé avoir porté plainte contre Marine Le Pen pour incitation à la haine raciale. L'association avait déjà exprimé samedi son "dégoût" et son "indignation", après les propos qu'elle avait qualifié d'"immondes" de Marine Le Pen.