Libye : fin du cauchemar pour les infirmières bulgares

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Les cinq infirmières bulgares et le médecin d'origine palestinienne échappent à la peine capitale, à laquelle ils avaient été condamnés par la justice libyenne pour avoir inoculé le virus du sida à des enfants libyens. Le Haut Conseil judiciaire de Libye, plus haute instance judiciaire du pays, a décidé mardi soir de commuer leur peine de mort en prison à perpétuité. La décision a été saluée par les Etats-Unis et l'Union européenne.

La décision de la Libye a été accueillie avec soulagement et satisfaction dans le monde... C'est "un grand pas", a estimé la Bulgarie. Washington a salué "une avancée positive". C'est "un premier soulagement", pour la Commission européenne. Nicolas Sarkozy s'est réjoui de la décision libyenne et a salué "la décision sage et courageuse des familles des enfants contaminés". Les réactions se sont donc multipliées après la décision mardi soir du Haut Conseil judiciaire de Libye. Les cinq infirmières bulgares et le médecin d'origine palestinienne ont échappé à la peine de mort : elle est commuée en prison à vie. La plus haute instance judiciaire libyenne a justifié son arrêt par un "accord de conciliation conclu avec les familles des victimes". Un porte-parole des familles de victimes avait annoncé un peu plus tôt dans la soirée que les familles des 460 enfants infectés par le VIH à l'hôpital de Benghazi avaient reçu chacune un million de dollars afin de renoncer aux poursuites. "Toutes les familles ont reçu les indemnités. Elles signent maintenant des documents affirmant qu'elles les ont reçues et qu'elles acceptent que le Haut conseil judiciaire prenne la décision qu'il jugera appropriée quant aux six personnes", avait déclaré Idriss Lagha. "L'argent provient du Fonds international Benghazi, qui est financé par l'Union européenne, les Etats unis, la Bulgarie et la Libye", a indiqué par ailleurs le porte-parole des familles. Toutefois, pour mettre toutes les chances de leur côté, les cinq infirmières et le médecin avaient déposé une "demande de pardon et de clémence". Ils se sont engagés à ne pas poursuivre l'Etat libyen pour les huit années passées en prison. Les détenus pourraient purger leur peine en Bulgarie, en vertu d'une convention signée en 1984 par Sofia et Tripoli sur le transfert de prisonniers. Sofia a engagé mercredi la procédure d''extradition des cinq infirmières bulgares mais aussi du médecin d'origine palestinienne naturalisé bulgare. L'avocat des six détenus a déclaré que "la présidence bulgare aura le pouvoir de gracier" les condamnés une fois rapatriés. Pour Sofia, "l'affaire ne sera terminée que lorsqu'ils seront rentrés en Bulgarie".Les cinq infirmières et le médecin ont été arrêtés il y a huit ans dans le cadre d'une enquête sur la propagation du virus du sida dans un hôpital pour enfants de Benghazi. Au total, sur les 460 enfants infectés, 56 ont trouvé la mort à ce jour. Chejana Dimitrova, Nasya Nenova, Valentina Siropoulo, Christiana Valcheva et Valia Tcherveniachka et le médecin Achraf Alhajouj ont constamment rejeté les accusations portées à leur encontre. Ils ont affirmé que leurs aveux leur avaient été arrachés sous la torture, allégation soutenue par la Bulgarie et ses pays alliés. Plusieurs scientifiques de renom, dont le Français Luc Montagnier, avaient par ailleurs signalé aux autorités libyennes que l'épidémie avait commencé un an avant l'arrivée des Bulgares à Benghazi. Un tribunal libyen avait condamné à mort en décembre dernier les six accusés, peine confirmée en appel par la Cour suprême avant d'être commuée mardi soir par le Haut Conseil judiciaire.