Liban : jours de deuil après l'assassinat d'un député antisyrien

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Les écoles et les universités seront fermées ces jeudi et vendredi au Liban, en signe de deuil après l'attentat à la voiture piégée mercredi après-midi à Beyrouth qui a coûté la vie au député antisyrien Antoine Ghanem et quatre autres personnes. Cet attentat survient moins d'une semaine avant la date prévue de l'élection d'un nouveau chef d'Etat libanais par le parlement. L'ONU, la Maison Blanche et plusieurs pays européens ont condamné cet acte.

Deux journées de deuilont été décrétées au Liban, après l'attentat de mercredi. Les établissements scolaires seront fermés ces jeudi et vendredi dans le pays. L'explosion, qui s'est produite en pleine heure de pointe près de l'hôtel Metropolitan, dans le quartier chrétien de Sin el Fi, a coûté la vie à un député de la majorité antisyrienne, Antoine Ghanem, et à quatre autres personnes. D'après sa fille, l'homme politique de 64 ans se savait personnellement menacé. Juste avant l'attentat, il aurait demandé des renseignements à un collègue député pour savoir où se procurer une voiture blindée.

Depuis deux ans et demi, Beyrouth a été le théâtre de plusieurs attentats à la bombe, visant notamment des personnalités antisyriennes, dont sept ont été tuées. "Tous les deux ou trois mois, nous sommes pris pour cibles", a déclaré le ministre des Télécommunications Marouan Hamadeh, personnalité de la coalition au pouvoir, qui a lui-même survécu à une tentative d'assassinat en 2004. En juin, le député Walid Eido et neuf autres personnes ont été tuées par l'explosion d'une voiture piégée. En novembre 2006, le ministre de l'Industrie, Pierre Gemayel, membre des Phalanges comme Ghanem, avait été assassiné par des hommes armés. En février 2005, l'ancien Premier ministre Rafic al Hariri avait également été victime d'un attentat à la bombe, qui avait tué 22 autres personnes. "Il y a un schéma directeur". L'assassinat de Ghanem "semble relever de ce schéma", a déclaré un porte-parole de la Maison blanche. Dans une lettre au secrétaire général des Nations unies, le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, a demandé "l'assistance technique (de l'Onu) dans les efforts menés pour enquêter sur le meurtre" de Ghanem".

Les soupçons de la communauté internationale et d'une grande partie de la classe politique se sont tournés vers Damas après ce nouvel assassinat d'un parlementaire antiysrien. Il faut dire que l'attentat est intervenu à six jours d'une réunion du Parlement libanais pour tenter de désigner un successeur au président prosyrien Emile Lahoud. L'assassinat de Ghanem réduit à 68 sièges la majorité dont dispose la coalition gouvernementale sur les 128 sièges du parlement, soit trois de plus que la majorité absolue de 65 sièges nécessaires pour remporter des votes. Pour enrayer la vague d'attentat, la coalition au pouvoir a même lancé un "plan de protection des députés", en envoyant des parlementaires à Paris, au Caire et aux Emirats arabes unis. Le Liban traverse depuis dix mois une crise politique qui met aux prises la majorité du Premier ministre Fouad Siniora et de Saad Hariri, appuyée par les Etats-Unis, à une puissante opposition soutenue par Damas et Téhéran.