Les internes en médecine en grève pour leur liberté d'installation

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Soutenus par les syndicats médicaux, les 15.000 internes en médecine de France font en grève ce vendredi dans les hôpitaux et organisent des actions symboliques dans les rues pour défendre leur liberté d'installation lorsqu'ils deviendront médecins libéraux. Pour faire face à la pénurie de médecins dans certaines zones, le gouvernement entend la limiter. En principe, il n'y a pas incidence sur les soins. Une "journée d'action nationale" est aussi prévue le 11 octobre.

La colère monte chez les internes en médecine. Ils sont appelés à la grève ce vendredi par plusieurs organisations, l'ISNCCA (chefs de clinique assistants), l'Isnih (internes des hôpitaux), le SNJMG (jeunes généralistes). Ces syndicats observent déjà une grève des gardes et astreintes depuis le 27 septembre. A Paris, les internes devraient participer à un "marathon symbolique" vendredi après-midi place de la Bastille. A Marseille, entre 200 et 300 internes se sont rassemblés dans la matinée, en blouse blanche, sur le Vieux-Port où ils ont prodigué des conseils aux passants, tenant des stands, chacun selon sa spécialité. La totalité des 200 internes du CHU de Nice se sont également déclarés grévistes, sans que l'accueil des patients s'en trouve perturbé, selon la direction du CHU. Les internes sont des étudiants en médecine exerçant un temps donné à l'hôpital dans le cadre de leur formation, avant de choisir d'y rester ou de s'orienter vers la médecine de ville.

Soutenus par les syndicats médicaux, l'Union nationale des professionnels de santé et l'Ordre des médecins, les internes veulent des garanties concernant leur liberté d'installation, un des principes de la médecine libérale avec la liberté de prescription et le paiement à l'acte, remis en cause par la Cour des comptes et l'assurance maladie face à la pénurie de médecins dans certaines zones. Les déséquilibres dans la répartition des médecins sont en effet avérés en France. En densité, huit régions (Picardie, Basse-Normandie, Haute-Normandie, Champagne-Ardenne, Picardie, Pays-de-la-Loire, Bretagne, Centre) enregistrent des taux de médecins généralistes inférieurs à la moyenne (qui est de 151 médecins pour 100.000 habitants), tandis que sept régions (Limousin, Aquitaine, Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon, PACA, Corse, Ile-de-France) sont au-dessus.

Les internes réclament la suppression des articles du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2008 qui concernent la liberté d'installation des praticiens, ainsi que la tenue de négociations au ministère de la Santé pour réguler la répartition des médecins sur le territoire. Un article (no 32) du PLFSS suscite plus particulièrement la colère des internes. Il prévoit d'adapter "en fonction des besoins de santé sur le territoire" les règles de conventionnement qui relient les praticiens à l'assurance maladie et permettent aux patients de bénéficier des tarifs remboursables. Les professionnels de santé, réunis au sein de l'UNPS, plaident plutôt pour des "mesures incitatives". Une journée d'action nationale est annoncée pour le jeudi 11 octobre qui devrait rassembler les représentants des étudiants et des jeunes médecins, ainsi que ceux des filières paramédicales. La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a déclaré vendredi à Lyon qu'il n'était "pas question de mesures coercitives" à l'encontre des médecins désirant s'installer dans des zones déjà pourvues en professionnels de santé.