Législatives : plébiscite pour le parti de Poutine, Sarkozy le félicite

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Nicolas Sarkozy a appelé lundi Vladimir Poutine pour le "féliciter" : Russie unie, le parti de Vladimir Poutine, a remporté dimanche une victoire écrasante aux législatives russes avec 64,1% des voix devant les communistes (11,6%), selon les résultats partiels. Au total, quatre partis entrent à la Douma (chambre basse du Parlement), tous proches du Kremlin (Russie unie, LDPR, Russie juste) à l'exception des communistes. Alors que l'opposition dénonce des fraudes, la Maison Blanche a appelé Moscou à enquêter sur les accusations de violations qui ont marqué le scrutin.

Victoire sans surprise pour Vladimir Poutine. Son parti Russie unie a obtenu 64,1% des suffrages, a annoncé lundi le président de la Commission électorale centrale après dépouillement de près de 98% des bulletins. Ce score permet à Russie unie de remporter 315 des 450 sièges de la future Douma (chambre basse du Parlement), soit la majorité permettant de modifier la Constitution. Entre 8.000 et 10.000 militants du mouvement de jeunes Nachi, proche du Kremlin, se sont rassemblés lundi dans le centre de Moscou pour fêter la victoire du parti présidentiel aux législatives. De son côté, Vladimir Poutine s'est félicité lundi de la "victoire" de son parti et a déclaré que ces élections avaient renforcé la "légitimité" du Parlement russe. "Il est évident que les Russes ne laisseront jamais leur pays s'orienter vers la voie destructrice comme cela s'est passé dans certains pays de l'espace post-soviétique", a-t-il ajouté.

Le Parti communiste russe arrive deuxième avec 11,6% (57 sièges), suivi des ultranationalistes proches du Kremlin (LDPR) de Vladimir Jirinovski avec 8,2% (40 sièges) et de Russie juste (gauche pro-Kremlin) avec 7,8% (38 sièges). Le Parti agraire décroche pour sa part 2,3% et la Force citoyenne (libéral) 1,1%. Les Patriotes de Russie (gauche) sont à 0,9%.

L'opposition libérale, déjà inexistante dans l'assemblée sortante à l'exception de quelques députés indépendants, est une nouvelle fois laminée. Iabloko de Grigori Iavlinski et SPS (Union des forces de droite) de Nikita Belykh n'obtiennent respectivement que 1,6% et 1% et n'auront pas de députés, faute d'avoir franchi le seuil minimum requis pour être élu, qui a été relevé de 5 à 7% cette année. Le chef de la coalition d'opposition L'autre Russie, l'ex-champion du monde d'échecs Garry Kasparov, a rendu nul son bulletin de vote en l'endommageant et a qualifié les élections de "truquées" et de "viol du système démocratique". La presse russe aussi a mis largement en doute lundi matin la "légitimité" des législatives de dimanche, citant de nombreuses violations graves.

En l'absence de la principale mission d'observateurs de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), l'opposition et l'ONG russe Golos ont dénoncé de nombreux bourrages d'urnes, entraves à leur travail et abus dans l'utilisation des urnes mobiles. Les communistes ont annoncé qu'ils allaient contester les résultats devant la Cour suprême. A l'étranger, la transparence du scrutin a aussi été mise en doute. La Maison Blanche a ainsi appelé les autorités russes à "enquêter" sur les accusations de violations qui auraient marqué le scrutin. Les législatives "n'étaient des élections libres, équitables et démocratiques" au regard des normes allemandes, a réagi un porte-parole du gouvernement à Berlin. Les observateurs de l'OSCE et du Conseil de l'Europe ont estimé eux que les élections "n'ont pas été équitables". Elles "n'ont rempli de nombreux critères et obligations de l'OSCE et du Conseil de l'Europe en matière d'élections démocratiques", a déclaré la mission conjointe dans un communiqué.

C'est pour "féliciter" Vladimir Poutine de la victoire de son parti aux élections législatives que Nicolas Sarkozy a appelé lundi son homologue russe. L'Elysée n'a pas commenté le ton de ces félicitations. Selon le Kremlin, le chef de l'Etat français a "chaleureusement félicité" Vladimir Poutine. Les deux présidents ont "eu un échange de vues sur les questions d'actualité relatives aux relations franco-russes au cours d'une conversation (téléphonique) où le président français N. Sarkozy a chaleureusement félicité V. Poutine pour sa victoire aux élections", a précisé la présidence russe dans un communiqué.

Après son écrasante victoire, le parti Russie unie a annoncé qu'il dévoilerait le 17 décembre son candidat pour la présidentielle de mars 2008 qui doit décider de la succession de Vladimir Poutine. Selon la Constitution, Vladimir Poutine ne peut pas briguer un 3e mandat consécutif. Depuis des mois, plusieurs scénarios sont envisagés pour qu'il conserve néanmoins une "influence" après son départ du Kremlin, comme Premier ministre, chef de la majorité ou "leader national" aux fonctions à préciser.