Législatives : la saison des exclusions

Anne Mansouret, candidate dans la 5e circonscription l'Eure a été exclue du PS. © MAXPPP
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Pour avoir présenté une candidature dissidente, nombre d'élus ont été sanctionnés par leur parti.

Les dissidents. Pour avoir décidé de maintenir leur candidature, ils ont parfois payé le prix fort. Du Parti socialiste à l'UMP en passant par le Front national, les états-majors ne badinent pas avec les "trouble-fêtes". Pour ces dissidents, "législatives" rime quelque fois avec exclusion. Chronique (non exhaustive) d'une hécatombe.

Des socialistes "verts" de rage

# La mère de Tristane Banon

Pour les élus socialistes, le non-respect de l'accord national PS-EELV est sans appel. Anne Mansouret, candidate dans la 5e circonscription l'Eure, l'a appris à ses dépens. La mère de Tristane Banon (l'écrivaine dont la plainte contre Dominique Strauss-Kahn pour tentative de viol a été classée sans suite), a décidé de maintenir sa candidature contre le candidat écologiste, Jérôme Bourlet de la Vallée. Le Parti socialiste l'a donc exclue. "Vous savez, pour les dirigeants du PS, je suis la camarade qui a flingué DSK, ils ne me le pardonneront jamais", accuse-t-elle dans une interview au JDD.fr.

Même punition pour sa collègue socialiste Hélène Segura. En prime, pour la vice-présidente du Conseil régional de Haute-Normandie, une assignation en référé devant le tribunal administratif pour apposition illégale du logo PS sur ses documents de campagne.

# La numéro 2 de la région Centre

"Sacrifiée" sur l'autel d'accords nationaux, Isabelle Gaudron, première vice-présidente socialiste de la région Centre, a été exclue pour deux ans du PS. On lui reproche d'avoir maintenu sa candidature malgré l'accord national attribuant la 2e circonscription d'Indre-et-Loire à un candidat d'Europe Écologie-Les Verts. La pilule a dû mal à passer. "Mon objectif est de battre (le député sortant UMP) Claude Greff et ce n'est pas avec un candidat Vert qui n'est pas de la circonscription que l'on va y arriver", s'insurge-t-elle.           

# Le ménage dans le Nord

Indétrônable député-maire de Liévin depuis 1981 (dans la 12e circonscription du Pas-de-Calais), Jean-Pierre Kucheida va devoir s'y faire : il ne continuera pas son aventure politique sous l'étiquette socialiste. En cause : ses ennuis judiciaires. Le patron de la plus importante section socialiste de France est notamment visé par une enquête pour "abus de biens sociaux", associés aux soupçons de corruption entourant la fédération PS du Pas-de-Calais. Jean-Pierre Kucheida n'a donc pas été investi par les socialistes pour les législatives. "Dans le Pas-de-Calais, le ménage (...) a été fait", se félicite dès le 13 mai dernier Arnaud Montebourg, chantre de la rénovation au PS. Peu importe, Jean-Pierre Kucheida dépose cinq jours plus tard sa candidature. La sanction ne tarde pas à tomber. Jean-Pierre Kucheida, candidat dissident, sera exclu mardi soir, a annoncé le porte-parole du PS pour les législatives David Assouline.

# La Haute-Garonne à la fête

Ça exclut à tour de bras en Haute-Garonne. Cinq membres écartés. Un record. Parmi eux, Alain Fillola, vice-président du Grand Toulouse, une figure du PS toulousain.  Celui-ci a rompu l'accord PS-EELV dans la 3e circonscription, où un écologiste, François Simon, a été investi.

Dans la 10e circonscription, c'est la candidature d'un nouveau ministre qui a jeté le trouble. Le PS a investi le ministre délégué aux Anciens combattants, Kader Arif. Pour avoir choisi la dissidence, les élus locaux Daniel Ruffat et Gilbert Hébrard, de même que leurs suppléants, ont été évincés.

# Michel Raymond, membre du PS depuis 34 ans

Michel Raymond avait sa carte du Parti socialiste depuis 1978. Mais le maire de Trévoux a été exclu après avoir décidé de se présenter sur la 2e circonscription de l’Ain, rapporte LeProgrès.fr. Un accord national avec Europe Ecologie-Les Verts avait désigné à sa place Paul Vernay, maire écologiste de Pérouges.

L'UMP n'aime pas "la confusion et la désunion"

# Un ex-collaborateur de Sarkozy

Peu importe qu'il ait en face de lui l'ex-ministre de l'Intérieur. Thierry Solère, vice-président du conseil général des Hauts-de-Seine sera candidat dissident face à Claude Guéant, investi par le parti majoritaire à Boulogne-Billancourt. Un face-à-face que ce Sarkozyste de la première heure assume mais qui lui a valu une exclusion provisoire de l'UMP en mars dernier. Une mauvaise nouvelle n'arrivant jamais seule, Thierry Solère est donné largement battu (15%) face à Claude Guéant (41%), selon un sondage Ifop-Fiducial pour le JDD.

# Plus à l'UMP mais quand même exclu

L'annonce de son exclusion, préfère la prendre avec le sourire. Candidat dans la 6e circonscription face à la candidate désignée de l'UMP, Sophie Dion, Jean-Marc Peillex est l'un des trois candidats exclus en Haute-Savoie. Problème. Le maire de Saint-Gervais les Bains a déjà rendu sa carte de l'UMP.  "L'UMP est tellement bien organisée qu'ils ont oublié que j'ai renvoyé ma carte il y a plus d'un an", a-t-il ironisé, indiquant qu'il avait été investi par le Parti radical de l'ancien ministre Jean-Louis Borloo.

# Sermonnés par Copé

Difficile à première vue de faire le rapprochement entre Marie-Christine Tardy, candidate dissidente dans l'Isère, et Max Piselli, le maire de Draguignan dans le Var. Pourtant les deux élus UMP ont décidé de rendre publique une lettre que leur a adressé Jean-François Copé. Le patron de l'UMP reproche aux deux candidats dissidents d'"entretenir la confusion et la désunion auprès des militants et des électeurs".

# Un membre du Conseil national

Son père, Jean Diebold, a été député RPR puis UMP à trois reprises. C'est non sans émotion que Stéphane Diebold, membre du conseil national de l'UMP a fait acte de candidature dans la 4e circonscription de la Haute-Garonne. Seulement voilà, c'est Bertrand Serp qui a été investi par l'UMP. Exclu provisoirement du parti, Stéphane Diebold sera donc candidat sous l'étiquette "Divers Droite".

Le FN s'y met aussi

Parce qu'il s'agissait de l'un de ses très proches lieutenants, Marine Le Pen a préféré Florian Philippot à Eric Vilain pour ravir la circonscription de Forbach (6e circonscription de la Moselle) à l'UMP. Le secrétaire départemental du FN n'en a que faire, il se maintient. Une candidature toutefois jugée "abusive" par le FN. "En outre, Eric Vilain a reçu de la part de l'Etat le remboursement des dépenses engagées par lui lors de la dernière élection cantonale. Toutefois, il refuse d'utiliser ces fonds pour rembourser le prêt qui lui a été accordé et Eric Vilain sera assigné pour être contraint de restituer ces fonds publics qu'il conserve abusivement", précise le FN.

Florian Philippot, lui, devra s'atteler à gommer son image de parachuté.