Le rapport alarmant sur les ados français

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
L'adolescence est une période difficile de la vie, cela se confirme. Dominique Versini, récemment nommée Défenseure des enfants, remet ce mardi au président de la République son rapport annuel. En chiffres, un adolescent sur six est en souffrance, et un sur trois développe pour s'en sortir des phénomènes d'addiction à l'alcool ou au cannabis.

La Défenseure des enfants Dominique Versini lance un plaidoyer pour une "véritable prise en charge" des adolescents en souffrance, avec un effort accru pour détecter et prévenir les conduites à risque, dans son rapport remis mardi à Nicolas Sarkozy.

Tentatives de suicide, consommation de psychotropes, troubles de l'alimentation et du sommeil, la souffrance psychique des adolescents prend différents visages, mais se manifeste de plus en plus précocement, selon le rapport. Environ 15% des 11-18 ans, soit 900.000 ados, sont estimés "en grande souffrance", rappelle Dominique Versini. Pour 40.000 d'entre eux chaque année, elle s'exprime par une tentative de suicide, un "appel à l'aide" plus fréquent chez les filles que chez les garçons. Plus des trois quarts des tentatives de suicide chez les filles se font à l'aide de psychotropes, dont la consommation s'avère importante chez les jeunes, la France étant le 3e pays de consommation de psychotropes par des adolescents.

Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-25 ans, bien que leur nombre ait baissé. Il est passé en effet de 966 en 1993 à 621 en 2004, grâce à la politique mise en place en 2000, après la publication d'un rapport alarmant du Haut comité pour la santé publique sur la santé des adolescents. D'autres "signes" sont révélateurs de souffrance, comme les troubles du sommeil, insuffisamment pris en compte. Un ado sur quatre souffre de troubles du sommeil et un sur dix prend des médicaments pour lutter contre le stress, ou pour dormir.

L'absentéisme scolaire (5% des collégiens et lycéens cumulent au moins quatre demi-journées d'absences par mois), voire la "phobie scolaire" pour certains, les comportements alimentaires perturbés, jusqu'à l'anorexie ou la boulimie, sont autant de marques de souffrance, qui peuvent prendre un caractère extrême avec la violence exercée sur soi : 5 à 10% des jeunes reconnaissent s'être fait mal volontairement, 11,3% des filles et 6,6% des garçons se font des scarifications.

Alors que le tabagisme régulier est en recul, la consommation d'alcool augmente à la fin des années collège. 28% des 15-19 ans ont été ivres plus de quatre fois dans l'année. La "défonce" est pratiquée par des ados de plus en plus jeunes, des 12-13 ans sont victimes de comas éthyliques. La Défenseure des enfants s'insurge contre l'absence de "politique de prévention pour les ados", en-dehors du lien fait avec la sécurité routière. Elle condamne la politique commerciale des fabricants de boissons alcoolisées qui "incitent" les jeunes à consommer de plus en plus tôt des produits faiblement alcoolisés, comme les alcopops, sucrés et branchés, très en vogue aujourd'hui chez les jeunes, et dont la teneur en alcool atteint 5 à 6 degrés.