Le président Gül s'engage à défendre la laïcité en Turquie

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Elu président de la Turquie mardi à l'issue d'un troisième tour de scrutin au parlement d'Ankara, l'ex-ministre des Affaires étrangères Abdullah Gül s'est engagé à défendre la laïcité républicaine en chef d'Etat impartial, montrant ainsi le souci d'apaiser les tensions intérieures.

"Abdullah Gül, ayant obtenu la majorité absolue au troisième tour, est élu 11e président de la Turquie avec 339 voix", a annoncé le président du Parlement, Koksal Toptan. Gül est le premier dirigeant issu de la mouvance islamiste à accéder à la présidence de la Turquie, pays à forte majorité musulmane où l'armée se pose en gardienne du système laïque. Le troisième tour de scrutin se décidait à la majorité simple, alors que la majorité des deux tiers était requise lors des deux premiers. "Tant que je serai en fonctions, je rassemblerai tous nos concitoyens sans aucun préjugé", a déclaré le président élu dans son discours inaugural après avoir prêté serment. Il a promis de défendre les principes de la laïcité, en notant qu'ils garantissaient aussi la liberté de culte, et a également dit que la Turquie devait poursuivre ses efforts sur la voie d'une adhésion à l'Union européenne. Gül, diplomate dont la réputation s'est solidement établie depuis la victoire électorale de l'AKP en 2002, a contribué à l'ouverture de pourparlers d'adhésion avec l'UE. Il entend parler au nom de tous les Turcs mais inspire de fortes réserves à l'armée, qui soupçonne l'AKP de nourrir secrètement un programme islamiste. Nombre d'observateurs pensent toutefois que Gül, qui a rompu en 1999 avec un parti islamiste, s'emploiera à éviter une épreuve de force. La Commission et le Parlement de l'Union européenne ont salué l'élection de Gül en la jugeant propre à redynamiser les pourparlers entre la Turquie et l'UE. "Un nouveau gouvernement va arriver au pouvoir et pourra reprendre le travail avec un mandat populaire clair", a noté José Manuel Barroso, président de la Commission. Le Premier ministre Tayyip Erdogan a indiqué qu'il soumettrait mercredi son nouveau cabinet à l'approbation du président élu et on s'attend à ce que le gouvernement accentue sa politique de réformes politiques et économiques. L'élite laïque et les généraux turcs, qui ont renversé quatre gouvernements depuis 1960, se méfient en revanche du passé islamiste de Gül et s'inquiètent notamment de voir son épouse porter le foulard islamique au palais présidentiel de Cankaya. Le foulard islamique est pour beaucoup un symbole provocant de l'influence religieuse éradiquée de la vie publique par Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la république moderne édifiée sur les ruines de l'empire ottoman.